à la Salle Star ' Mor, Trémuson, le 15 septembre 2019
Après une brève présentation de la nouvelle saison, un membre de l'association QuébeCeltie introduit le trio Mary-Lou pour un premier apéro-concert dans la salle Star'Mor à Trémuson.
Mary-Lou, tu dis?
Une copine à Ricky Nelson, aux Chaussettes Noires ou à Polnareff?
Lâche-nous, mec, et ne viens pas avec Danyel Gérard, ni avec Marilou qui danse reggae.
Mary-Lou est né ( pas de e) dans le Finistère en 1996, les instigateurs du projet se nomment Félicie Garric ( Mary) et Jean-Luc Brosse, quoi?, les cours... tu vas te taper une retenue, gamin!
Ce duo sévit également sous l'étiquette Jack et les Anémones.
A ces deux musiciens/chanteurs ( maniant guitares, violon, harmonica, kazoo, washboard, tambourin ) il faut ajouter l'excellent pianiste Stéphane Dhondt ( depuis 2007) et Benoît Perset aux drums ( absent aujourd'hui).
La discographie du groupe se chiffre à +/- 10 unités, certains albums sont désormais introuvables, mais pas le plus récent, baptisé 'Le goût de la liberté'.
Si t'avais pensé à Ricky Nelson, on n'ira pas te blâmer, l'univers de Mary-Lou sent bon les bayous, la swamp music, la country, le folk, le blues, le bluegrass, avec une pointe de rockabilly , de Domino stomp, de honky tonk boogie, de cajun ou de créole.
Le dernier méfait est chanté dans le vocable roman, excepté 'A hole in my pocket', sur scène, les chansons françaises ( des compos signées Brosse et/ou Garric) alternent avec des reprises anglo-saxonnes ou des inédits, écrits en nouvel anglais, pas de panique, plusieurs séjours chez Tonton Sam leur ont permis de maîtriser le lexique local à la perfection.
' Comme un courant d'air', un extrait du dernier enfant, ouvre le premier set.
Du country folk à la française, tonique et léger, évoquant La Maison Tellier ou le vétéran Hugues Auffray , celui qui a fait connaître Bob Dylan aux Français.
Jean-Luc troque son acoustique pour un instrument électrifié avant de proposer ' The night they drove Old Dixie Down' composé par Robbie Robertson du Band.
Ce titre, ayant la Civil War en toile de fond, avait été repris, en son temps, par Joan Baez, la voix, limpide, de Mary s'apparente à celle de la chanteuse qui, en 2019, a fait ses adieux à l'Europe.
Seconde cover de la soirée, 'An American Dream' de Rodney Crowell , un hit pour The Nitty Gritty Dirt Band.
Place au seul titre écrit en anglais sur ' Le goût de la Liberté', Monsieur Brosse a les poches percées, ' A hole in my pocket' est du même acabit que les meilleures pièces de feu Dr.John, tu peux aussi penser à ' You never can tell' de Chuck Berry, même piano ravageur.
Mary a ramassé un violon pour attaquer ' La fièvre dans la Louisiane'.
C'est pas une maladie, non, tous les Cadiens vont au bal, ça va chauffer sur le bayou.
'Un grand vent s'est levé' te pousse à réfléchir..
Ton cerveau, embué, déterre la soeur de Joe Dassin, la petite Julie qui avait adapté ' Bottle of wine' de Tom Paxton.
Les Harlem Hamfats, ça te dit quelque chose?
Non, les Harlem Globe Trotters, à la rigueur...
Il s'agissait d'un jazz/swing/jugband qui en 1933 ( dixit JL, d'autres sources avancent 1936) a enregistré 'Live And Die For You', on n'a pas de cruche, mais Mary s'est procuré un authentique washboard et un kazoo tout aussi archaïque, on vous emballe le jambon de Chicago.
Steve Goodman a composé la chanson 'City of New Orleans' ( un train de nuit) en 1971, il l'a proposée à Arlo Guthrie qui devait la présenter à Johnny Cash, l'homme en noir en avait marre des train songs, Arlo l'a enregistrée , le gars qui fréquentait le restaurant d'Alice en a fait un tube, Joe Dassin s'en est emparé , c'est devenu ' Salut les Amoureux', on garde le texte original, avec une traduction fidèle d'un couplet.
Superbe version!
Après de plaisantes sonorités de clavecin sur ' A chercher', l'organisation leur signale que l'heure de la pause est imminente, faut que la buvette tourne.
On vous présente 'Joséphine', une coquine des bayous pour terminer la première mi-temps par 'Les hamsters' , un ragtime jovial.
Pause, bière(s) et canapés!
Second set.
Il débute par un medley Bob Dylan, composé de Mr Tambourine man/ I'll be your baby tonight/ You ain't going nowhere/Just like a woman, suivi par un blues douloureux datant de l'album 'Courrier transatlantique', ' Assise sur la terrasse' .
'Take me back to the cotton fields' s'inspire du 'Cotton fields' de Lead Belly et nous plonge dans une Amérique si bien décrite par John Steinbeck.
Jean-Luc nous place un solo de guitare pas idiot puis ramasse le dobro pour 'Rivière noire' qui nous promène sur les rives de la Suwanee River, the blackwater river.
Cette formidable carte postale, exempte de moustiques et d'alligators, aurait pu se retrouver sur un album de Francis Cabrel.
Jean-Luc se confesse, ' Besoin du désert' , car ...in the desert you can remember your name... et si je laisse un morceau de désert dans ton coeur, pardonne-moi!
En contrepoint voici la touche féminine ' Si le printemps revient' , beau comme du Gillian Welch ou du Lucinda Williams.
La setlist prévue est sérieusement secouée, le terminus est proche, c'est une première, les lead vocals de la drinking song, 'Drinking all my troubles away' sont pour le pianiste.
Martha Jane Cannary est plus connue sous le surnom de Calamity Jane, c'est après avoir lu 'Calamity Jane's letters to her daughter' que Félicie a pondu 'Calamity', proposant une autre image, plus tendre, de l'aventurière s'étant illustrée lors de la Conquête de l'Ouest.
'Une fleur pour toi' aux lignes de guitare Dire Straits, termine un concert apprécié à sa juste valeur.
Trémuson, en l'absence de backstage vous ne nous verrez pas disparaître avant les rappels, ils sont prévus, don't panic!
On vous emmène à San Francisco, pas avec les Flower Potmen mais avec Jesse Fuller pour son ' San Francisco Bay Blues ' repris par un peu tout le monde, de Jim Croce à Eric Clapton en passant par Mungo Jerry.
Sur la lancée, on reste de l'autre côté de l'Atlantique, sur les rives du Mississippi, là où j'ai pris une gamelle, avoue le cowboy breton, pour le nostalgique ' Way down home' , soit 'La Sirène du Mississippi' sans Deneuve et Belmondo.
En souriant, le trio a dédicacé ses CD's, tandis que le chapeau se remplissait de l'obole laissée par les auditeurs.
Le 9 novembre à Saint-Germain des Angles.