Poezibao inaugure cette rubrique avec une première série à parution aléatoire, qui comportera sans doute une quinzaine de contributions. Le thème : la critique en poésie. Cette nouvelle rubrique comme cette première Disputaison ont été conçues par Jean-Pascal Dubost (lire ici la demande adressée aux contributeurs sollicités pour cette première disputaison)
Un témoignage
Jean-Marc Baillieu
Débutant dans la critique journalistique de poésie (au sens large), je me souviens du parti pris de Michel Giroud, directeur et animateur du Kanal magazine (années quatre-vingt), qui avait posé le principe d’articles critiques seulement positifs, nous incitant dès lors à ne pas utiliser les adjectifs valoratifs : « Si c’est dans Kanal, c‘est que c’est bien, inutile d’en parsemer vos articles ». Je retrouvai ce parti pris de la critique positive dans l’hebdomadaire d’une sous-préfecture qui acceptait de publier mes notules relatives à ce type de littérature à laquelle j’étais satisfait de donner un écho au-delà du microcosme, ce qui ne m’empêchait pas d’apprécier par ailleurs les descentes en flamme de feu Renaud Matignon dans Le Figaro littéraire. A ma modeste échelle, je n’hésitai pas non plus à critiquer positivement ou négativement dans Hop ! Hercule, bulletin photocopié à cent exemplaires diffusé par mes soins. Ayant « pris du galon » et associé au projet du Cahier Critique de Poésie (cipM dirigé par E. Ponsart), j’ai procédé de même, n’ayant provoqué (sur une soixantaine d’articles) que deux ou trois fois le courroux d’un poète critiqué négativement. En tant que poète, de même que pour un manuscrit proposé à un éditeur, je sais que la réception peut être négative ou positive, d’autant plus que fondée. J’ai effectivement constaté que la critique interne (on se coule uniquement dans le projet de l’auteur) est plus courante que la critique externe où l’on se met en mesure de critiquer aussi le projet de l’auteur dans un cadre plus large, diachronique par exemple, une mise en perspective critique nécessitant un savoir. J’ai aussi constaté que la contrainte d’un nombre de signes à respecter évite les débordements (enthousiasme échevelé, égocentrisme scriptural), d’autant plus incontrôlés que le traitement de texte y incite car donnant d’emblée une page justifiée d’apparence nette. Enfin, même manifestant mon enthousiasme, je cherche l’éventuel bémol car très rares sont les ouvrages totalement « impeccables » et, pour illustrer mon propos, je renvoie à mes articles diffusés par Sitaudis.
Jean-Marc Baillieu