Cela fait plus de huit ans que nous subissons la dictature des médias. Jusqu’à l’intrusion, non préméditée du grain de sable qui vient mettre à nu la nocivité du système. Il s’appelle Abdelkrim Zbidi, honnête, travailleur, responsable, rigoureux, méthodique et surtout « compétent » au sens américain du terme, c’est à dire qui n’est pas compétent dans une profession pour laquelle il a été formé, mais qui est capable de mettre son intelligence pragmatique au service de la fonction dont il aura la charge, y compris celle qui consiste à créer sa propre entreprise. Sous la dictature, en tant que Recteur (Président d’Université) il trouvera, en lui-même, assez de force pour libérer l’expression au sein de l’Université de Sousse, dans la discrétion la plus a-politique. Ce qui lui donnera une étiquette de « technocrate » indépendant, à la différence de certains universitaires, parmi ses collègues qui s’étaient distingués par leur indignité. Son intelligence pragmatique et a-politique ont fait de lui un grand ministre d’un grand ministère de souveraineté, a-politique par définition. Il s’agit du Ministère de la Défense, à un moment où notre Armée a été appelée à accomplir son devoir et à défendre la patrie contre l’agression extérieure et l’action déstabilisatrice du pouvoir politique en place. Observez combien il est cohérent dans sa démarche et dans sa vision de sa « compétence » propre. Jusqu’ici « a-politique », il a décidé de concourir par voie démocratique pour accéder à la magistrature suprême, poste réputé, lui aussi et par définition, a-politique.
A-politique ne signifie pas anti-politique comme Athéisme ne signifie pas Anti-théisme. Car le champ politique, est à deux niveaux. Le premier se rapporte au pouvoir dont la fonction est la gestion des affaires de la Cité par l’application de la Loi. C’est le niveau de « la politique » et le Niveau Second, que l’on désigne au masculin : Le Politique que l’on peut se permettre de décliner comme « a-politiques » (politiques au pluriel) c’est à dire qui se situe à égale distance de toutes les politiques nécessairement partisanes.
Mais la fonction « a-politiques » de la Présidence de la République n’a été mise en évidence dans sa spécificité propre, qu’à partir de Béji Caïed Essebsi, élu au suffrage universel dans un système peu présidentiel. Et l’on peut remarquer que de l’ensemble des candidats à l’héritage de Béji, il n’y a que Zbidi qui s’est limité dans ses ambitions politiques déclarées à la promesse d’accomplir, avec compétence les fonctions « a-politiques » de la magistrature suprême, telle qu’elle est définie par la Constitution de 2014. Et dans cette fonction, il n’a pas besoin de recourir à la séduction médiatique , mais de continuer à être compétent, pragmatique et fort de son éthique décisionnelle qui le place au-dessus de la mêlée et fait de lui l’ultime recours et le magistrat Suprême dont le devoir est d’ouvrir tous les dossiers.
Sans tenir compte des dérives politiciennes que connait la Tunisie depuis qu’elle a accédé, par surprise à l’âge de la démocratie, sans accéder nécessairement à l’âge de raison.