(Concert-lecture), Marie-Claire et Alain Bancquart, Toute minute est première

Par Florence Trocmé


Hommage à Marie-Claire par Alain Bancquart

Hier soir, samedi 14 septembre 2019, à Reid Hall, rue de Chevreuse à Paris, très beau concert-lecture en hommage à Marie-Claire Bancquart, avec plusieurs créations mondiales de son époux, le compositeur Alain Bancquart.
Ce furent des instants de très haute tenue et de profonde émotion que ceux offerts par Alain Bancquart en mémoire de Marie-Claire Bancquart disparue le 19 février 2019. La soirée, sous forme d’un concert-lecture, mêlait des œuvres d’Alain et des poèmes de Marie-Claire Bancquart.
Parmi les œuvres musicales, plusieurs ont été écrites au cours de la dernière année de la vie de Marie-Claire et ont été données hier en première mondiale. Six œuvres en tout, rassemblées sous le beau titre de Le Livre du Doute : « Le Dialogue de l’oubli », pour flûte alto et violoncelle, « Chaque matin bouge la mort », splendide partition pour alto solo admirablement interprétée par Laurent Camatte ; « Monologue du Double pour violon et alto » ; « Verticale du secret », pour violon, alto et violoncelle ; « Mémoire de l’improbable », pour quatuor à cordes et « In fine », pièce pour harpe et quatuor à cordes (toutes pièces en création mondiale sauf le Quatuor « Mémoire de l’improbable »). Toutes pièces à l'écriture foisonnante et complexe, mêlant des moments au bord du silence, aux sonorités spectrales, parfois en longues plages quasi hypnotiques et des phases intenses, emportées, déchirées et déchirantes, marquées par la récurrence d'une montée crescendo sur une corde, comme un cri, en bel écho avec l'univers poétique contrasté de Marie-Claire Bancquart.
La soirée était en six temps, associant une pièce musicale et une lecture de textes de Marie-Claire Bancquart choisis dans ses livres Avec la mort, quartier d’orange entre les dents (Obsidiane), Qui vient de loin (Castor Astral), Tracé du vivant (Arfuyen), Verticale du secret (Obsidiane). A la toute fin, avant le quatuor avec harpe, les très forts et émouvants « Derniers poèmes » (in Toute minute est première, anthologie réalisée par Claude Ber, Castor Astral). Ces textes ont tous été lus, remarquablement, par Frédérique Wolf-Michaux.
 
Après la dernière note de musique a retenti dans la salle un enregistrement de la voix de Marie-Claire Bancquart dont la présence fut palpable tout au long de cette soirée. Dont il faut aussi souligner qu’elle a proposé un très bel exemple de lecture-concert bien conçu, capable de renouveler l’attention des auditeurs, autour de textes et d’œuvres musicales parfois difficiles. La qualité d’attention du public, riche de plus de cent personnes, fut d’ailleurs tout à fait exceptionnelle.
Florence Trocmé

Les musiciens : Sona Khochafian et Leo Marillier, violons ; Laurent Camatte et Claire Merlet, altos ; Pierre Strauch, violoncelle ; Jean-Luc Menet, flûte alto ; Fabrice Pierre, harpe. Joël Soichez, chef.
Textes lus par Frédérique Wolf-Michaux.
Les deux dernières parutions de Marie-Claire Bancquart :
Terre énergumène précédé de Dans le feuilletage de la terre et de Verticale du secret, préface d'Aude Préta-de-Beaufort, Gallimard, coll. « Poésie-Gallimard », n° 541, 2019
Toute minute est première, suivi de Tout derniers poèmes, Le Castor Astral, 2019
Photos : la scène de Reid Hall à la fin de la soirée.
1. Fabrice Pierre, Claire Merlet, Alain Bancquart, Pierre Strauch, Joël Soichez
2. Frédérique Wolf-Michaux, Alain Bancquart (de dos), Laurent Camatte, Leo Marillier, Sona Khochafian et Fabrice Pierre.
3. Marie-Claire Bancquart
©Florence Trocmé