Aller dans une pierre,
Ce serait mon genre.
Un autre peut devenir un pigeon
Ou égratigner avec une dent de tigre.
Je suis heureux d’être une pierre.
Du dehors, la pierre est une énigme :
Personne ne sait comment répondre.
Pourtant à l’intérieur, ça doit être frais, calme
Même en plein sous le sabot d’une vache énorme,
Même si un enfant la lance dans une rivière ;
La pierre coule, lente, imperturbable
Tout au fond
Où les poissons viennent cogner dessus
Et écoutent.
J’ai vu des étincelles s’échapper
Lorsque deux pierres se frottent. Après tout,
L’intérieur n’est peut-être pas si sombre ;
Il y a peut-être un vague éclat de lune
On ne sait d’où – derrière une colline –
À peine assez brillant pour faire apparaître
Les écritures étranges, les diagrammes d’étoiles
Sur les parois.
Charles SIMIC, Etats des Lieux : 13 poètes américains, traduit de l’américain par Vincent Charles Lambert, Le Noroit, 2013