Dix ans d’écriture en un livre. D’une écriture taillée en courtes strophes et en vers qui jamais n’atteignent l’alexandrin : ce n’est pas leur but. L’alexandrin serait trop installé. Des vers irréguliers, une parole sur des flots irréguliers. Et portant d’autres voyageurs que je ne pourrai tous nommer, partant avec Rilke et arrivant avec Cavafy. C’est assez justement cette citation de Cavafy qui en dit long sur le voyage : « Quand / Tu te mettras en route vers Ithaque / Souhaite que le chemin soit / Long ». Et ne ménage pas ton souffle. Ulysse, compagnon de chaque jour, compagnon recherché dans chaque livre, dans les « dentelles d’étoiles », Ulysse toujours.
Jamais nous n’avons voyagé
aussi loin
ni remonté si avant le cours
vers Ithaque et l’Eden
Où chantent les mots qui
meurent et ne meurent pas
Les mots
qui mentent et ne mentent pas
Jamais nous n’avons tant dit
Sans savoir où mène
ce cabotage de verbes le long de plages et de falaises
Dont le soleil
déroule la pelote
Sous le vide
des grands espaces
de la pensée
Ulysse
dit bientôt je complèterai
ma naissance
Un autre prendra ma place
nous l’appellerons
Ulysse