une fenêtre bat dans l’encore dormir. Les bras remuent, un genou s’ébauche sous le drap. Aujourd’hui entame sa course dans l’écume de curieuses pensées et de chevelures
que d’heures passées une fois encore. Que d’heures sans rêve dures comme le ciment. Que d’histoires narrées qui n’auront pas d’écoute
hier, au moment de fermer les yeux, elle périssait. Et dans la nuit encore, trois fois réveillée. Maintenant, flottante, elle émerge au seuil d’un immense dimanche, tandis que s’enfuient à toutes jambes deux petites sœurs en jupes écossaises, abandonnant leur corde à danser dans la poussière
Eux devant la porte, attroupés, conversent déjà, maris méditerranéens de femmes absentes ou vouées au lavoir, leur trop d’enfants entre les jambes
à nos linges pliés nous nous reconnaissons, à nos paquets portés à travers rue. L’une, cheveux défrisés et teints en roux, proteste son destin parmi les autres à longues jupes. L’une rêve d’ailleurs, l’autre d’ici. Elles s’engouffreront dans la même voiture pour la promenade cet après-midi
ceux-ci ne t’ont pas accompagnée dans ton enfance ni dans la gloire de ton corps. Ils ne connaissent de toi que ce visage auquel nul avenir n’est promis et qui ne peut promettre que celui qu’il est devenu, ce maintenant ci. Ils ne connaissent pas tes nattes ni ta peau qui disaient demain
oui silence au dedans de moi. Dehors la Seine charrie ses boues immenses sur les quais immergés. Je franchis le pont comme un passage et toute la ville se fait don
Françoise Collin, On dirait une ville, éditions des femmes/Antoinette Fouque, 2008, p. 21-22.
Contribution de Tristan Hordé
bio-bibliographie de Françoise Collin
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