Au petit matin du 1er avril 1918, au retour d'une patrouille de nuit près d'Arras, Isaac Rosenberg disparaît sans laisser de trace. Il a vingt-sept ans. C'est par ces mots que Sarah Montin, la traductrice, le présente au début de sa préface. Du recueil bilingue publié par Alidades, je retiens aujourd'hui ce poème.
KILLED IN ACTION
Your 'Youth' has fallen from its shelf,
And you have fallen, you yourself.
They knocked a soldier on th head,
I mourn the poet who fell dead.
And yet I think it was by chance,
By oversight you died in France.
You were so poor an outward man,
So small against your spirit's span,
That Nature, being tired awhile,
Saw but your outward human pile ;
And Nature, who would never let
A sun with light still in it set,
Before you even reached your sky,
In inadvertence let your die.
MORT AU COMBAT
Ton recueil "Jeunesse" est tombé de l'étagère,
Et toi aussi, tu es tombé.
Ils ont cogné la tête d'un soldat,
Moi je pleure un poète tombé.
Pourtant je pense que c'était un hasard,
Une erreur, que tu sois mort en France.
Ton corps en apparence si faible,
Si petit face à ton esprit si ample,
Fit que la Nature, soudain lasse,
Ne vit de ton amas d'humanité que l'abord,
Et elle, qui jamais ne laisserait
Se coucher un soleil encore plein,
Avant même que tu n'atteignes ton ciel,
Par mégarde, t'a laissé mourir.