Je découvre que le verset ci-dessous, cité par Kshéma Râdja dans sa Quintessence du frémissement (Spanda-
samdoha), est tiré d'un poème publié par Gopinâth Kavirâdj à Lucknow en 1965, composé par Avadhûta Siddha, un maître du shivaïsme du Cachemire ancien.C'est un verset magnifique qui décrit le Soi comme désirabsolument libre, prakâmya, synonyme de liberté, svacchanda, svatantra. Pourvoir de se rendre désirable également. C'est l'un des huit pouvoirs surnaturels (siddhi)."Maître !
Quand tu te révèle clairement
en ton Soi qui est libre désir (prakâmya),
qui se déploie à chaque instant
en des formes singulières,
variées et nouvelles,
alors même l'impermanence
enseignée par les sages (bouddhistes)
devient pleine de sens !"Avadhûta-siddha, Bhakti-stotra, 29Ainsi la théorie de la destruction instantanée (kshana-
bhanga-vâda) prônée par les Bouddhistes devient révélation de la créativité de la conscience. Faites l'expérience : au lieu de chercher à bloquer les pensées et les sensations pour retenir une sorte de présence pure, essayez de les retenir. Vous verrez qu'elles sont impermanentes, évanescentes, fuyantes. Apprenez alors à ressentir cette évanescence comme une détente, une libération, une purification. Ainsi, je peux apprendre à reconnaître dans l'expérience ordinaire, commune, la danse de l'absolu. L'impermanence, c'est-à-dire la vacuité, est le "signe" (linga) de la liberté de la conscience qui est "sans essence" (nihsvarûpa) fixe, libre d'elle-même.