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Passage à gué, de Laurent Galley

Publié le 10 septembre 2019 par Francisrichard @francisrichard
Passage à gué, de Laurent Galley

Tous les chemins mènent à l'homme.

Et tous les poèmes, en vers ou en prose, de Laurent Galley y mènent aussi.

Pour le poète, doublé qui plus est d'un philosophe, ce qui n'est pas incompatible, bien au contraire, les hommes sont de la nature, c'est-à-dire qu'ils sont chez eux en elle, qu'ils y sont en osmose:

Imaginez un bloc de granite en suspension dans l'air. Vous avez là, l'individualité. Vous avez là ce qui fait monde. Toute dureté reste poreuse, et sa porosité même rend le roc atmosphérique...

Les hommes sont dans la nature corps et âme, de l'infime intériorité à l'ultime extériorité, et, comme lui, se trouvent sur terre :

J'habite la terre qui n'est pas une étoile

Et qui ne serait pas vraiment la terre

Si elle ne me convenait pas complètement

Cela ne signifie pas qu'elle ne le fait pas souffrir, éloignée qu'elle est justement des étoiles, ses soeurs lumineuses, d'autant qu'il vit :

Une fin d'époque amère et sans styles

Il lui manque ses Baudelaire, ses Shakespeare.

Alors, à une vie morne, perpendiculaire et tracée, il préfère les jardins élancés, et aux rues, l'autre côté des rues...

Le salut est dans la poésie, la poésie d'antan, quand l'homme n'avait pas vendu son âme à l'encan :

Il est vain pour Musset que de frapper son coeur

Car le poème est bien plus épais

Il garde l'épaisseur du bonheur

Qui bruit sur les stèles des roseraies

Il se nourrit de récits, de poèmes, et compose lui-même:

La poésie jaillit de mes veines comme un poing

Ferme et dur sur son établi

Il ne serait pas poète s'il ne parlait d'amour, fût-il fragile:

A peine en faut-il du temps pour s'éprendre

Qu'une cicatrice d'un mot lâche et perfide

Suffit à deux coeurs pour se fendre

Et du manque d'amour de certains pour leurs semblables:

N'être pas du déni le serviteur

Jamais du côté des lâches

Savoir se réserver l'aubépine

Ne semer de lauriers que sur terres conquises

On ne récolte que de ce que l'on aime

Il faut en somme emprunter le Passage à gué de l'ombre à l'altérité...

Francis Richard

Passage à gué, Laurent Galley, 112 pages, Éditions de l'Aire


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