aria giocosa (poco giocosa)
Loup y es-tu ? — Loup-yéti, loup laitue ? — loups de dents, loups
de mâchoires, loups épais
L'es-tu ?
Tendresse allierait conscience et force. Petits poteaux d'angle : regarde
ceci est un dessin de loup.
Vœu de laine / Regarde avec douceur, ne casse pas ; tu vois
l'insecte saphir comme les yeux d'un myosotis ? Vois-tu le brin
d'herbe et l'autre ?
Nous vous demandons,
Monsieur,
des raisons d'espérer
En ai-je ?
Gorge orange surgie pendant que je notais face grise oeil vif tête penchée
pour voir — et si je donnais une miette ? — non ? — deux piquants deux
pointes d'épingle, deux sphères brillantes petites
s'incline (neigt sich) et file
sous les buissons.
Non factice.
Soigner, guérir en nommant les arbres et les bêtes ?
Ôter le voile, enlever le trouble.
« Donnez-nous, Monsieur, des raisons d'espérer. »
pour obtenir un volatile complet (sans plumes)
se tromper de lutte et agresser un allié à coups de matraque par derrière.
on est
bien avancé. à quoi ça rime de te traîner par terre et dans la boue ?
on ôte
diverses toiles
diverses pièces entoilées on ôte de la paroi on ôte même la paroi : vois-tu ?
quelque chose ?
devant l'avancée du vol
oiseaux réunis en cercle
très haut
périchorèse
dont je ne me souviens pas de ce qu'elle accroche...
épilobe
d'avirons précis dépassent les
truites
presque sans remous
à peine un sillage
des deux égoutiers-sorciers :
« tu crèves de faim ou pas,
y z'en ont rien à foutre ,
y jettent ,
y jettent ,
y jettent »
Embarras 3
le chant très net
sourd boisé
d'un loriot dans les chênes
on l'aperçoit longuement
poussant aussi un cri
déchirant de rapace
lilas et aubépins sur le talus de sable
déboulés sur l'eau / pas si vivants que lune ou que
matin-pêcheur
dans le creux métallique odorant du chemin
c'est pas glorieux
/ entre les deux fougères /
•
tandis que le ciel forme des pédoncules
une qualité de silence
harmonique
entre dans le parc
une qualité de conscience
troublée par les faux promeneurs
•
porteur d'épiphanie quelqu'un
apporte une brassée de mimosa mousseuse et pelucheuse sans
trembler à travers toute la ville par ponts et quais il est parfois
plus simple de guérir en disant arbre ou bête un temps gris-
loup temps de la destruction des plumes en cire ? des plumes
en terre avec l'odeur de roussi
l'enfance (la gésine) fut violente
Pierre Drogi, En mode turbulent, LansKine, 2019, 92 p. 14€.
Quatrième de couverture : « Ce livre procède à petit bruit, par en dessous, par superpositions et entretissement de voix – par hypographes et par motets. Hypographe, c’est-à-dire privilège accordé à la vue plutôt qu’à l’ouïe : description, mais aussi esquisse, empreinte, sceau ou signature, quand pas tout bonnement « note de bas de page »… Motet, c’est-à-dire petit mot, choix de l’ouïe plutôt que de la vue : prétexte à musique, textes enchevêtrés, épaisseurs sonores confondues, textures, tuilage… Hypographes et Motets font signe vers le manque et le peu (vers ce qui reste, ce qui fait chemin en dessous). Vers le destin à-petit-feu-saisi (« tiens bon »). Vers l’épopée impossible.
Pierre Drogi dans Poezibao :
ex. 1, Levées (M. Séjourné), Levées (M. Gosztola), portrait (par JP Dubost), feuilleton « Animales » : 1 , 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, Pierre Drogi, "Animales" & Christophe Lamiot-Enos, "A dire en souriant", par Yves Boudier, "Animales", par Jean-Pascal Dubost, "Animales", par Paul de Brancion, ext. 2, [revue Sur Zone], #14, "Anémomachia" de Pierre Drogi, entretien avec E. Jawad, 1, 2, 3 (PDF intégrale dans le 3), (anthologie permanente) Pierre Drogi, "et le désert avance sous nos herbes comme un feu courant", (Note de lecture) Pierre Drogi, "Ombres attachées - Anémomachia" et "Ombres attachées - à bouche sanglante", par Jean-Pascal Dubost, (Archive sonore) Pierre Drogi, (Entretien) avec Pierre Drogi, par Emmanuèle Jawad, (Archive sonore) Pierre Drogi