Des masques incroyables venus de Bornéo ont très vite frappé l'imagination des Occidentaux ; André Breton par exemple possédait un impressionnant exemplaire. Ce sont surtout les Kenyah, Kayan et Modang vivant dans le Kalimantan oriental et dans la zone supérieure du Sarawak qui utilisaient ces masques, appelés Hudoq, à l'occasion de rites agricoles (notamment lorsque les greniers étaient pleins pour clôturer les cérémonies selon la "Tradition du riz"). Ils sortent encore de nos jours dans certains villages (cf. Article suivant) et naturellement lors de festivals. Ces masques, d'aspect anthropo-zoomorphe presque féroce, semblent vouloir inspirer crainte et respect. Pourtant, leur fonction consistent à demander aux ancêtres une aide pour les vivants : apporter protection, fertilité aux hommes et à la terre.
"La danse des Hudoq est vécue par les villageois comme un rite de fertilité de la terre et de toute la nature. Les masques ont une faculté ambivalente : ils agissent comme des épouvantails à l'égard des mauvais esprits et comme des aimants envers les bons esprits qu'ils finissent par incarner." N. Revel
Outre l'emprunt de formes à différents animaux, ces masques sont toujours très colorés, et cette polychromie contribue également à leur conférer vitalité, chaleur, puissance.
Que signifie Udöq chez les Kenyah, hudoq chez les Kayan et hedöq chez les Modang ? Si l'on suit Nicole Revel-Mac Donald ("La danse des hudoq" in Objets & Mondes 18), il s'agit de la "force énergétique" d’un bon génie protecteur des communautés.
À suivre...
Photo 1 : Danse chez les Modang © Nicole Revel, 1978, "La danse des hudoq" in Objets & Mondes 18.
Photo 2 : Masque Hudoq © Expédition Pierre Ivanoff 1953-1954.
Photo 3 : Hudo' urung pako'© Musée du Quai Branly 71.1982.68.12.1-7