Après la colonie, d'Olivier Pitteloud

Publié le 07 septembre 2019 par Francisrichard @francisrichard

La colonie est située tout en haut du village. A la fin des années 1970, il y a un peu plus de vingt ans, il s'y est passé quelque chose de grave. A la fin de l'été, elle a été fermée et est devenue une ruine.

A l'époque, pendant l'été, les enfants des gros de la plaine, des gosses de riches, y étaient envoyés. Mais cet été-là, il y avait aussi, parmi eux, le gosse de l'Allemand. Qui d'ailleurs était un Autrichien...

Ce qui s'est passé, au village on n'en parle pas. On sait qui était la victime, mais les avis sont encore partagés parce que l'Allemand, on ne l'aimait. Quant au coupable, on n'a été sûr de qui c'était qu'après sa fuite.

Quoi qu'il en soit, les conséquences de ce qui s'est passé cet été-là seront lourdes pour la famille de l'Allemand et pour celle du président de commune. Aucun d'entre leurs membres ne s'en remettra.

Il y a donc un avant et un Après la colonie. Et même si Olivier Pitteloud parle de l'avant pour expliquer comment et pourquoi ça s'est passé ainsi, c'est surtout l'après qu'il décrit qui est terrible et mortel.

L'auteur a choisi de faire des allers-retours entre présent et passé du village et d'employer des pronoms indéfinis tels que des on et des ça pour parler des êtres et de la communauté, créant une curieuse ambiance:

On n'aurait rien fait parce qu'on n'est pas bien courageux, ici, au village, on parle plus qu'on ne fait, on est comme ça, mais ça nous aurait dégoûté de penser chaque jour qu'un type comme ça habite juste à côté.

Ce microcosme, avec tout ce qui s'y est dit, et se dit, avec ses non-dits, avec ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas, est un lieu qui ne laisse pas beaucoup d'échappatoires aux individus, hormis la mort, bien entendu...      

Francis Richard

Après la colonie, Olivier Pitteloud, 128 pages, L'Âge d'Homme (à paraître)