Magazine Société
En politique, comme en poker, on peut perdre une partie stupidement alors qu’on croyait détenir la victoire.
L’été politique européen illustre, avec deux exemples, les infortunes de supposés winners qui se retrouvent Grosjean comme deux vents soufflant sur l’art aux heures à rosée ! Je veux parler de l’art de la politique. En Italie, Mattéo Salvini, le ministre de l’Intérieur aux méthodes musclées à l’égard des flux migratoires, croyait faire exploser la coalition italienne confectionnée avec le Mouvement 5 étoiles pour provoquer de nouvelles élections et les emporter haut la main. Mais de nouvelles élections législatives il n’y aura point. A son grand dam, son allié d’hier, brillant de ses 5 étoiles, a négocié une nouvelle coalition avec le Parti Démocrate de centre gauche et sous la direction du même premier ministre, Giuseppe Conte, dit « de faix » car il supporte toutes les charges ! Au Royaume-Uni, Boris Johnson, le nouveau premier ministre, pensait remplacer Theresa May avec bonheur en insufflant une sortie du pays (le fameux Brexit) sans négociation avec l’Europe pour la date (prévue) du 31 octobre 2019. Mais il s’est fait piéger en croyant détenir une majorité qui, en réalité, n’était qu’une chimère. Avec 327 voix contre 299, la chambre des Communes a approuvé un texte exigeant que le Brexit soit repoussé jusqu’à fin janvier 2020. Dépité, Boris à la tignasse douteuse a réclamé qu’on vote pour procéder à de nouvelles législatives ! Des « anticipées » comme on dit, et pour le 15 octobre ! Mais une telle volonté hante, ici, paix de la perfide Albion. Pas de cela, ont répondu les députés qui, là encore, ont voté le veto, évitant l’envouté, évinçant les vains sons de trompette bouchée d’un Boris à beaux risques ! C’était une jolie façon de se venger du nouveau résident du 10 Downing street qui avait décidé, en force, de suspendre le Parlement du 9 septembre au 14 octobre, certainement pour empêcher tout débat sur le Brexit et accélérer, sans coup férir, une sortie sans accord. La motion gouvernementale n'a obtenu que 298 voix, soit moins que la majorité des deux tiers de la Chambre des communes nécessaire pour être adoptée, les élus de l'opposition travailliste s'étant abstenus. Il s'agit d’un nouveau revers cinglant pour Boris Johnson ! Affligé, l’ex journaliste du Daily télégraph a téléphoné à son compagnon d’infortune italien.
Boris : Hello Matteo, c’est Boris, comment vas-tu après ce revers ?
Matteo : L’heureux vert ne me rend pas d’échos logiques ! Je m’attendais à gagner des élections, du haut de ma grandeur aquiline et ça a fait pschitt, comme dirait un vieil ex-président des mangeurs de grenouilles. Me voilà hors course mais…attention, toujours prêt à rebondir. Un Matteo Salvini sait mater aux salves iniques, et pas que les migrants venant d’Afrique ! Et toi, alors ! La Berezina aussi ? Boris : Je suis out, accablé voire à câbler pour me faire dépanner (fin d’us) pour rupture des usages : les gens ne respectent plus rien ! Des fidèles à ma majorité m’ont fait faux bond ! Les traitres ; j’ai viré les véreux avérés, les vauriens !
Matteo : Ah oui, la fidélité se fit déliter ! Mais à force de virer tes amis tu vas te retrouver seul ! Tu penses faire encore longtemps le job de premier ministre de sa gracieuse Majesté ?
Boris : Je ne sais pas ce que je peux faire d’autre ! Comme toi, je suis un homme politique populiste qui parle et ment au Parlement ! Entre nous, si je veux qu’on sorte au plus vite de l’UE, c’est pour que je puisse appliquer de sympathiques petites règles néolibérales. L’Europe c’est trop contraignant ! Trop de normes, trop de règles notamment au niveau du droit du travail ! Tu ne trouves pas ?
Matteo : Oui, enfin moi, mon souci c’est l’Euro que ton pays ne connaît pas car il sent des livres (sterling). L’Euro, et sa défense, force chaque pays à ne pas faire filer les déficits publics. Mon pays en crève ! L’Italie a une dette de 2.300 milliards, soit plus de 130 % du PIB ! C’est insuffisant ! Il faudrait qu’on puisse atteindre 200 % du PIB, au minimum ! Pour relancer la consommation, accroître le revenu des ménages qui en ont marre de bouffer des spaghettis à longueur de journée ! Et puis vient la crise migratoire ! L’Europe ne fait rien pour nous aider à nous débarrasser de ces hordes de migrants qui traversent la Méditerranée, aux îles d’or ensoleillées mais, désormais avec des rivages à nuages car ça sent le Rossi ! Boris : Ah, oui, les migrants ! Tiens, en parlant de ça, tu ne viendrais pas me rejoindre à Londres ? On pourrait refaire le monde, préparer un deal italiano-british ! Relancer nos économies par des transactions réciproques ?
Matteo : Merci, sans façon ! Je reste ici en embuscade ! La nouvelle coalition qui se profile me semble baroque ! Ce ne sera pas l’amour à l’attelage, ahou, chachacha ni les yeux dans les yeux ahou ahou ! Ce sera un nid à « gare à », gare à toi, gare à nous ! Les fidèles du clown Pepe Grillo ne vont pas longtemps supporter les gauchistes démocrates ! Alors je ramasserai tout cela à la petite cuillère.
Boris : Ok, bon, c’était juste une proposition. Bon, je te laisse ! C’est l’heure du thé ! On peut être populiste on n’en est pas moins empreint de traditions !