Au-dessus de Saint Bauzille-de-Putois la jolie route monte en lacets au flanc de la montagne de Thaurac. C'est là qu'il y a bien longtemps les petits pâtres de Montoulieu ou de Ferrières se racontaient des histoires de moutons disparus dans les profondeurs de la terre, emportés par des fées sans doute très belles mais pas très avenantes. Certains disaient les avoir vu danser par les nuits sans lune sur les espaces parsemés d'avens, de grottes et autres cavités assez peu engageantes.
Aujourd'hui il n'est plus de maléfices, plus de mystère, plus d'appréhension. Tout vous engage à la découverte des réseaux souterrains qui effrayaient tant les bergers.
Un nouveau pavillon d'accueil, sachant allier le contemporain et le classique, s'inscrit dans l'imposante falaise où jadis fut creusé le tunnel d'accès. Colonnes, arcades, portiques et dallages se veulent être la transition entre les terrasses où plus de 160 espèces de la flore méditerranéenne sont représentées et l'entrée du monde des profondeurs.
Il y a en effet à cet endroit précis le parfait trait d'union entre le Sud solaire et brûlant et la richesse du sous-sol du Languedoc-Roussillon, région qui offre le plus important réseau souterrain aménagé de France. Le panorama qui s'ouvre sur la garrigue, le nord montpelliérain et dévoile la vallée de l'Hérault, vous fera sans doute retarder encore le moment de franchir la frontière de l'ombre. Il faut suivre le guide.
Pour rejoindre en toute sécurité et sans effort les lieux explorés en 1889 par E. A. Martel mais dont une visite est déjà rapportée au XVIIIè siècle, on a percé un boyau d'accès, installé un funiculaire, cimenté des couloirs, aménagé des balcons et des passerelles. C'est ainsi que le "Pas du Diable" n'a rien d'infernal ni de périlleux.
On n'a qu'à contempler les grandes orgues, les colossales colonnes, les stalactites qui, à plus de cinquante mètres au-dessus des têtes, décorent la voûte. Les fées ne vont-elles pas revenir ?