Depuis quelques mois, la blogosphere green est touchée par la perte de marques éthiques et responsables qui ont fait leurs preuves. C’est ainsi qu’au mois d’avril, L’Etiquette Shop (mes partenaires) ont fermé leur e-shop. Suivi par La Révolution Textile – qui était une marque pionnière en terme de transparence et éthique – décide de clôturer cette belle aventure, et l’e-shop Natifs qui ferme ses portes.
Des fermetures qui nous font se questionner sur l’impact de nos choix mais aussi sur la remise en cause du système tel qu’il est maintenant. En effet, l’été dernier, je vous avais parlé des raisons de préférer la mode éthique à la fast-fashion en concluant que pour minimiser son impact, le mieux serait de tout acheter en seconde main. Mais quid des personnes qui œuvrent tous les jours pour un monde plus beau et respectueux de la vie?
L’impact écologique indéniable de la seconde main.
D’un point de vue écologique, il est indéniable qu’un achat de seconde main (vêtements, électroménagers ou électronique) possède un impact moindre qu’un article neuf. Cependant, tout n’est pas bon à prendre et à encourager.
L’occasion, un bon moyen de préserver les matières premières.
La plupart du temps, on ne se rend pas compte de l’impact de notre achat neuf : extraction de sable et métaux précieux pour l’électronique, production à un rythme infernal pour une main d’œuvre peu payée, pollution des eaux, pesticides à foison, produits toxiques teintant et un transport loin d’être optimisé. Ainsi en achetant d’occasion, nous évitons de ce processus à nouveau : qui dit absence de processus de production, dit – à priori – absence de pollution (sauf si on compte l’impact de l’envoi du colis, le carburant utilisé pour aller chercher l’objet etc).
Toutefois, il faut quand même veiller à ne pas tomber dans l’idée inverse de l’achat d’occasion et le consommer comme on consommerait du neuf.
L’occasion, un bon moyen d’encourager la sur-consommation?
Quand on se rend en vide grenier ou chez Emmaus, on réalise le pourcentage incroyable de « merdouilles » qu’on peut retrouver. Oui, il y a vraiment des gens qui ont acheté ça et qui ne s’en sont – sans doute – jamais servi. Ne ne leur jetons pas la pierre, faire du vide, c’est bien. Mais c’est un peu moins bien quand c’est pour racheter derrière, en fast-fashion, en neuf etc et entretenir ce système de sur-consommation. C’est un des arguments qui peut revenir : est-ce que l’achat d’occasion ne permet pas de se dédouaner de l’achat neuf? (Vous avez 4h et les calculatrices sont interdites)
Je trouve que ça se remarque surtout sur Vinted où les fashionistas en devenir achètent et vendent plus vite que leur ombre des produits de fast-fashion à la qualité médiocre mais pourtant si convoités. En effet, il est bien plus facile de vendre du Zara que de vendre des marques inconnues. Toutefois, en achetant ces produits, est-ce que nous n’encourageons pas l’achat neuf chez Zara sous prétexte qu’une fois lassé.e, ça se revend bien? Personnellement, je n’ai pas la réponse mais j’imagine que ça dépend de l’état d’esprit dans lequel est le.a vendeu.r.se.
L’achat neuf et éthique, un impact écologique moindre mais socialement positif.
Je le concède sans aucune difficulté, l’achat éthique et neuf n’est pas à la portée de toutes les bourses. Cependant, il accompagne souvent une réflexion d’achats raisonnés et sur la réelle nécessité de cet achat.
La conservation des savoirs-faire et la valorisation de l’humain sur le profit.
Durant son tour du Monde slow, la blogueuse Iznowgood s’aventure dans les usines de fabrication de mode éthique. Et une de ses vlogs qui m’a marquée est celui où elle visite l’usine de Bleu Tango en Pologne et qu’elle nous dit que faute de nouvelles couturières, l’usine fermera ses portes aux retraites de ses employées.
Ainsi consommer éthique permet aussi de soutenir un emploi réel et responsables, des savoirs-faire qui se perdent et surtout des valeurs humaines qui vont à l’encontre de notre système actuel. En achetant des vêtements en coton bio et équitable, je valorise l’agriculteur qui se passe de pesticides, je valorise le.a créateur.trice d’une marque qui fait l’effort d’être transparente, je valorise l’humain par rapport au profit et je me reconnecte avec mon humanité (oui, oui, rien que ça !).
Mais le neuf et éthique a un prix.
Le neuf éthique, ou comment remettre en cause notre système économique.
Forcément, le côté éthique d’un produit se répercute sur le prix : moins de marge, moins de profit, plus de stress pour les créateurs.trices et surtout moins de consommateur. D’autant plus que les marques éthiques sont des marques de niches, bien souvent avec une collection par saison (contre 4 collections par semaine en fast-fashion) et des articles plutôt intemporels. On est donc sur une cible très réduite qui connait soit par des recherches, soit par du bouche à oreilles d’influenceuses green. Autrement dit, sur cette population-là – engagée – comment remplir les objectifs de vente actuels quand clairement, on est sur un mode de fonctionnement totalement différent. Ce qui explique pourquoi certaines marques ne survivent pas à notre système économique : prix qualifiés de trop élevés, achats extrêmement raisonnés de la clientèle adepte de la slow-fashion.
Moralité, il est difficile pour ces entreprises éthiques de vendre suffisamment de produits pour couvrir les coûts – qui sont bien souvent invisibles à l’œil du consommateur -. Ainsi quand la Révolution textile vendait un top en lin, made in France à 80€, c’est une somme pour le consommateur mais était-ce suffisant pour permettre à l’entreprise de rémunérer les producteurs de lin, les couturiers, son équipe de vente, le loyer de l’entrepôt et son salaire? J’en doute. Être un entrepreneur éthique, c’est aussi parfois faire le choix de la simplicité (volontaire ou non) au profit des valeurs que l’on souhaite propager.
Et sinon, on fait quoi : neuf et éthique ou occasion?
Malheureusement, je n’ai pas de réponses toutes faites pour vous. Je pense qu’il faut que vous fassiez en fonction de vos convictions. Personnellement, j’ai réduit drastiquement mes achats de vêtements car j’estime ne pas avoir besoin de plus. Au final, si j’ai besoin de quelque chose en particulier, je cherche en premier lieu sur Vinted parce que j’y ai des sous de mes ventes mais je vais me tourner vers Ethic2hand, le site de la seconde main éthique et responsable et des fins de stocks des marques ! Autrement, si j’ai un coup de cœur sur un produit éthique et responsable, et neuf, je me demanderais si j’en ai vraiment besoin ou qu’est-ce que je cherche à combler avec cet achat. Malheureusement pour les marques éthiques, pour ma part, je cherche à provoquer le moindre impact sur la Planète. J’essaye au quotidien d’être zéro-déchet, de récupérer au maximum pour ré-utiliser ou réparer. Toutefois, je suis heureuse de voir que les marques éthiques ont le soutien de la communauté green et même si ça ne leur fait pas de chiffres, n’hésitez pas à les suivre, à liker leurs publications et à partager vos coups de coeur, c’est en partie grâce à ça qu’elles se feront connaître et sortiront de la niche écolo green.
Je vous embrasse,
Pour aller plus loin :
Acheter les vêtements d’occasion : est-ce la solution idéale ? Par Clémentine la Mandarine.
Les vêtements bio d’occaz c’est doublement écologique ! Par Clémentine la Mandarine.
Acheter et vendre d’occasion : une geste écologique tout simple par Smogey.
Acheter d’occasion : pourquoi c’est difficile ? Par Wild Wild Waste.
Acheter d’occasion : quels avantages ? Par Wild Wild Waste.
Is it better to buy second hand or new and ethical? Par Going Zero Waste.
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