Ces travaux d’une équipe de l’Université de Californie du Sud pourraient en effet avoir des implications « énormes » pour le traitement des cancers et des maladies liées à l'âge. Ils apportent une nouvelle clé de compréhension du fonctionnement du processus de vieillissement. La découverte, documentée dans le Journal of Biological Chemistry ouvre ainsi la voie à de meilleurs traitements contre le cancer avec ces nouveaux médicaments révolutionnaires, les médicaments sénolytiques capables d’améliorer la santé au grand âge.
L’auteur principal Nick Graham et son équipe rappelle que pour « boire à la fontaine de jouvence », il faut d’abord pouvoir la localiser puis comprendre son fonctionnement ». Pourtant, ajoute-t-il, la plupart des équipes qui travaillent sur le sujet font l'inverse ; elles étudient les raisons pour lesquelles les cellules vieillissent, pour concevoir de nouveaux traitements.
Une confirmation du potentiel des sénolytiques pour lutter contre les maladies liées à l’âge
Les chercheurs se concentrent sur la « sénescence », un processus naturel par lequel les cellules cessent définitivement de créer de nouvelles cellules. Ce processus est l’une des principales causes du déclin lié à l’âge, il se manifeste dans de nombreuses maladies liées à l’âge, dont l’arthrite, l’ostéoporose et les maladies cardiaques. Les cellules sénescentes peuvent être décrites comme l'opposé des cellules souches qui ont un potentiel illimité d'auto-renouvellement ou de division. En effet, les cellules sénescentes ne peuvent plus se diviser : la sénescence est donc un état d'arrêt irréversible du cycle cellulaire.
La découverte du rôle clé d’une classe de nucléotides : les scientifiques découvrent que les cellules sénescentes vieillissantes cessent de produire une classe de produits chimiques appelés nucléotides, des éléments constitutifs clés de l'ADN. Ainsi, lorsqu’ils contraignent des cellules jeunes à cesser de produire ces nucléotides, ces cellules deviennent sénescentes. La production de ces nucléotides apparait donc comme essentielle pour maintenir la jeunesse cellulaire. Cela suggère qu’empêcher les cellules de perdre cette fonction de synthèse des nucléotides leur permettrait de vieillir plus lentement…
La sénescence, une arme à double tranchant : documentée également comme la barrière protectrice du corps contre le cancer, la sénescence entraîne le vieillissement et les maladies comme le diabète, le dysfonctionnement cardiaque ou l'athérosclérose et le dysfonctionnement tissulaire général. En cas de cancer, elle ne doit pas être bloquée, car cela pourrait libérer des cellules cancéreuses. Il s’agit donc de trouver un moyen de supprimer les cellules sénescentes pour favoriser un vieillissement en bonne santé.
Jusqu'à présent, la sénescence était principalement étudiée sur les fibroblastes, les cellules les plus courantes qui constituent le tissu conjonctif, chez l’animal. Ici, l’équipe de Graham s'intéresse au mécanisme de la sénescence dans les cellules épithéliales qui tapissent la surface des organes. C’est aussi le type de cellules par lesquelles la plupart des cancers se développent.
Une nouvelle méthode d’imagerie 3D révèle de manière inattendue que les cellules sénescentes ont souvent 2 noyaux et qu'elles ne synthétisent plus l'ADN.
Ces travaux ouvrent ainsi 2 voies ou cibles thérapeutiques : celle du rétablissement de la fonction de synthèse des nucléotides et celle de l’identification et de l’élimination des cellules sénescentes. Avec l'espoir d'applications dans le domaine émergent des sénolytiques, ces médicaments susceptibles d'éliminer les cellules vieillissantes et de « constituer la fameuse fontaine de jouvence ».
Pour concevoir ces médicaments sénolytiques, il sera nécessaire d'identifier les caractéristiques uniques des cellules sénescentes, afin que les médicaments n'affectent pas les cellules normales non sénescentes.
Source: Journal of Biological Chemistry July 5, 2019 doi: 10.1074/jbc.RA118.005806 Inhibition of nucleotide synthesis promotes replicative senescence of human mammary epithelial cells (Visuel Dennis Lee, USC Viterbi School of Engineering)
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Équipe de rédaction Santélog Sep 5, 2019Rédaction Santé log