Dans un tantra dont j'ignore le titre, Shiva répond aux questions de son fils sur l'Immense (brahman), situé dans le lotus du cœur, qui est le "bourdonnement" OM. Puis il continue, sur des pages et des pages. Et il fait cet éloge du vide, lancé par cette question de son
fils. Je ne comprends pas tout, mais cela évoque une critique de la vacuité bouddhiste :"śūnyaṃ śūnyaṃ punaḥ śūnyaṃ śūnyaṃ śūnyaṃ punaḥ punaḥ |
śūnyācchūnyataraṃ śūnyaṃ tacchūnyaṃ śūnyameva ca || 3 ||
Vide, vide, et encore vide.
Vide, vide, vide encore et encore !
Vide, toujours plus vide, vide est ce vide
et parfaitement vide.
śūnyaṃ śūnyaṃ tvayā proktamanena jñānatā mama |
śūnyasyā śūnyatāṃ brūhi yadi tuṣṭosi me prabho || 4 ||
Ce "vide vide" dont tu parle, fais le moi connaître !
Si tu es satisfait de moi, parle de la vacuité du vide.
Shiva répond :
śūnyaṃ śūnyaṃ tu yo vetti śūnyaṃ śūnyaṃ tu yo bhavet |
aśūnyaṃ taṃ vijānīyāt sarvaśūnyā layaṃ hitam || 5 ||
Celui qui connaît le vide vide
devient le vide vide.
Il connait ce non-vide,
tourné vers la dissolution
de toutes choses dans le vide.
sarvabhūteṣu taṃ vatsa triśūnyaṃ hṛdisaṃsthitam |
na tu jānanti taṃ śūnyamaśūnyā yena te kṛtāḥ || 6 ||
Fils !
Ce triple vide de toutes choses
demeure dans le coeur.
Mais ceux qui en font un plein
ne connaissent pas ce vide.
śūnyabhūtaṃ śivaṃ jñeyaṃ śūnyabhūtā hi śaktayaḥ ||
p. 20b) aśūnyaṃ teṣvamīrūpaṃ sarvagaṃ cetanātmakam || 7 ||
Shiva est vide.
Les Shaktis sont vides.
Cette essence qui infuse tout,
la conscience,
est non-vide.
na hi śūnyasya śūnyatvaṃ śūnyatvaṃ tasya bhāvanā |
vijñānaṃ jñāpakaṃ śūnyaṃ nirālambābalambhitam || 8 ||
Car le vide n'est pas vide.
Ce qui est vide, c'est la méditation du (vide ?).
Le vide est conscience omniprésente,
fondée sur l'absence de fondement.
vibhutvena sthitaṃ śūnyaṃ ye nedaṃ pūritaṃ jagat |
taṃ śūnyaṃ śūnyamityāhurvadanti jñānabuddhayaḥ || 9 ||
Le vide est présent partout.
Il remplit ce monde.
Ceux qui sont éveillés à la connaissance (jnâna-buddha)
parlent de ce "vide vide".
śūnyasya śūnyatā nāsti aśūnyaṃ śūnyamucyate |
sṛṣṭipralaya rohitvā cchūnyasyāśūnyatāṃ viduḥ || 10 ||
Il n'y a pas de "vacuité du vide".
Ce qui n'est pas vide est appelé "vide".
La vacuité de ce qui n'est pas (vraiment) vide
dérive (? des cycles) de création et de destruction.
śūnyāt sṛṣṭiḥ prasavati śūnye tu pralayaṃ punaḥ |
tasmādaśūnyatā śūnye nirālambhāvalambhinam || 11 ||
La création s'écoule du vide,
et retourne au vide.
C'est ainsi que l'on expérimente
l'absence de repères
dans ce vide qui n'est pas vide.
nirālambhāvalambhitvaṃ śūnyatā yena siddhyati |
vijñānajñānayogena śūnyaṃ jñeyaṃ labheṣyasi || 12 ||
C'est par cette expérience de l'absence de repère
que l'on réalise la vacuité.
Tu obtiendras le Vide au moyen
de cette connaissance expérimentale.
śūnyaṃtva śūnyaṃ jñātavyaṃ na hi śūnyosti kutra cit |
p. 21a) teṣāṃ śūnyamidaṃ śūnyamajñānā yeṣu bhāvanā || 13 ||
Il faut savoir que le vide n'est pas vide,
car le vide n'existe nulle part.
Le "vide" des (Bouddhistes ?) est vraiment vide,
une méditation qui est ignorance !
aśūnyaṃ sarvadā vatsa trailokyaṃ sa carācaram |
brahmādi stambhaparyantaṃ sarvaṃ śūnyena pūritam || 14 ||
Fils !
Le triple monde, le vivant et l'inerte,
n'est jamais vide.
Depuis Brahmâ jusqu'à la terre,
tout est plein de vide !
tacchūnyaṃ pūritā śaktyā avyaktā yā śivotthayā |
yathā caitanya bhāvena bodhitaṃ bhuvana trayam || 15 ||
Ce vide est plein d'énergie,
de cette Shakti subtile née de Shiva.
C'est dans cet éveil de la conscience
que s'éveille le triple monde.
vastu śūnyaṃ na ta cchūnyaṃ śūnyamajñānaśūnyatā |
taṃ śūnyaṃ jñāna rūpeṇa jñeyaṃ śūnyaṃ na tadguha || 16 ||
Ce qui est vide de réalité
n'est pas ce vide-là.
Ce vide n'est que la vacuité de l'ignorance !
Le (vrai) vide est connaissance.
Le (simple) vide d'objet n'est pas ce (vide),
fils !
jñeya śūnyo palabdhitvaṃ nirālambāvabodhanam |
na punaḥ śūnya bhāvastu śūnyesmiṃstattvataḥ suta || 17 ||
L'expérience du vide d'objetsest éveil à l'absence de repères,mais ça n'est pas le véritable état de vide,fils !"Vide vide, vide non-vide, c'est eh-vide-ent !Source du texte sanskrit :Brahmasamdhâna, V, 3-17