De plus, nombre de professionnels du monde médical et paramédical décrient le fait que les remèdes homéopathiques fassent l’objet d’une dérogation quant à leur mise sur le marché. En effet, contrairement aux médicaments conventionnels, ils ne nécessitent pas d’AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) qui comprend des études scientifiques prouvant l’efficacité thérapeutique du médicament concerné. Ainsi, les produits homéopathiques doivent seulement être enregistrés. Et pour cela, il n’y a que trois conditions : le médicament doit être pris par voie orale, aucune indication thérapeutique particulière ne doit apparaître sur l’étiquetage et le degré de dilution doit garantir son innocuité. Aujourd’hui en France, certains médicaments homéopathiques sont ainsi remboursés à hauteur de 30% par la Sécurité sociale. Il y a un an, plusieurs médicaments utilisés dans le traitement de la maladie d’Alzheimer comme la mémantine étaient déremboursés "faute d’intérêt thérapeutique suffisant". Une décision qui avait fait débat mais qui avait également relancé la polémique autour de l’homéopathie, considérée comme scientifiquement infondée. Une grande enquête a donc été menée par la HAS pendant neuf mois : plus d’un millier d’études ont été analysées, les trois laboratoires (Boiron, Weleda et Lehning) ont été entendus et des associations de patients auditionnées. Mathilde Grande, chef de service de l’évaluation des médicaments à la HAS a rendu un avis limpide : "L’ensemble de ces données n’a pas conclu à un avantage clinique par rapport au placebo". Le 28 juin, la commission de transparence de la HAS a donc voté dans sa grande majorité pour le déremboursement de l’homéopathie, une décision suivie par la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Une décision dont les opposants sont nombreux. Lancée durant le printemps, la campagne "mon homéo, mon choix" visant à défendre le remboursement de l’homéopathie se compose d’un site internet, d’une pétition (plus d’1,2 million de signatures), d’un compte Twitter, Facebook et de visuels sur les supposés bienfaits de l’homéopathie. Les laboratoires homéopathiques, et en premier lieu le français Boiron leader mondial, assurent qu’un déremboursement menacerait 1300 emplois dans l’Hexagone. Un déremboursement qui engendrerait par contre une économie d’environ 128 millions d’euros par an pour la Sécurité sociale. Vue comme une médecine de soutien ou d’accompagnement, l’homéopathie fait encore beaucoup d’adeptes en France. Ceux-là risquent de grincer des dents lorsque le déremboursement sera effectif. Sa date n’est pour l’instant pas connue puisque plusieurs scénarios concernant ses modalités sont encore à l’étude. Chères lectrices, chers lecteurs, une pause s'imposait au mois d'août. Nous nous retrouverons le 1er septembre. Profitez bien de vos vacances !