d'Alain Mabanckou
Roman - 300 pages
Editions Seuil - août 2018
Editions poche Points - août 2019
Le petit Michel, qui a quand même déjà treize, vit à Pointe-Noire, au Congo Brazza, avec Maman Pauline qui fait le commerce des bananes, et Papa Roger, qui travaille dans un hôtel et aime beaucoup, lorsqu'il est à la maison, écouter la radio, la Voix de la Révolution Congolaise. Et justement, la période est propice à une information politique d'actualité très riche. Non pas que Mboua Mabé, le chien de Michel, soit parti et reste introuvable, non pas qu'il se fasse gronder quand il rentre des commissions sans la monnaie adéquate, mais parce que le camarade président Marien Ngouabi, le chef de la révolution socialiste congolaise a été assassiné. Entre rumeurs, mensonges, deuil feint ou véritable, meurtres collatéraux, les trois jours qui vont suivre seront vécus par le garçon comme une période délicate, floue, mais bien dramatique.
Il y a bien sûr l'écriture aisée d'Alain Mabanckou pour donner vie aux pensées, souvenirs, regards, d'un enfant. Un regard naïf mais sensible, observateur et parfois malicieux. Mais il y a surtout un contexte historique politique très lourd, qui va resserrer ses serres autour de cette famille assez paisible, si ce ne sont les exaspérations de Maman Pauline lorsqu'on ne montre pas assez d'intérêt pour sa cuisine. Des journées que le lecteur va vivre entre les discours de la radio et des oncles de Michel, des discussions à n'en plus finir sur ce qui se trame entre forces au pouvoir, destituées, influences françaises, camarade de la révolution socialiste etc etc Extrait :
"C’est ce monsieur qui décide qui sera le président de la République de tel ou tel pays que la France a colonisé. Et si un de ces présidents que la France a mis au pouvoir critique trop fort les Français à l’ONU, là où on sépare les bagarres entre les pays en colère, « le sorcier blanc » se fâche, et le lendemain le vantard africain ne sera plus président de la République, il se retrouvera en prison si on ne l’a pas tué pendant un coup d’Etat préparé en catimini depuis la France avec d’autres Africains qui ne comprennent pas qu’ils donnent la chicotte pour qu’on les fouette dans le dos et qu’on continue à piquer leurs richesses à minuit quand les gens sont déjà au lit pour rêver des choses plus importantes que ce pétrole qui nous cause chaque fois des problèmes en pagaille."
C'est ce "décor" politique prégnant qui m'a le moins intéressée, le moins absorbée, tant il a enlevé au rythme effréné et à la truculence dont l'auteur nous avait habitués avec Verre cassé, Mémoires de porc-épic, Black Bazar. Déjà le petit Michel se révélait dans un récit plus posé dans Demain j'aurai vingt ans.
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