Festival Pianissimo
Paris, Ile de France, France
Vendredi 30 août 2019, 21h
Mario Canonge: piano, chant
Michel Alibo: guitare basse électrique, chant
Arnaud Dolmen: batterie, percussions, chant
Le trio joue l'album " " (2018) de Mario Canonge. Le Zouk antillais revisité par le Jazz. Parce que Mario Canonge est Martiniquais et pianiste de Jazz tout simplement.
N'étant pas créolophone, je prie mes lecteurs qui le sont de bien vouloir m'excuser de mes erreurs de transcription.
Le pianiste se balance devant son clavier. Groove de la basse Le batteur tapote finement. Pas de doute. C'est une musique caribéenne. A côté de moi, une famille suisse. Père, mère, fils et fille, tous musiciens manifestement. Après un long interlude pas à mon goût, le trio repart en balançant énergiquement. Mario danse avec son instrument. Ca percute entre basse et batterie. Le pianiste mouline dans les graves. Mario dit " Yekri ". La salle répond " Yekra ". C'est ainsi que les conteurs créoles vérifient que leur public est attentif.
" Mennen Vini " , un parfum mis pour attirer l'autre. Celui mis par Mario Canonge ce soir est efficace car la salle est pleine. Ca balance très bien. C'est souple et chaud. Le bassiste slappe fort. Le batteur hache finement. Le pianiste envoie sec et tape du pied. Il y a des Antillais dans la salle. Ils répondent aux mots créoles de Mario Canonge. Il décolle en creusant dans le medium. Solo de basse. Batteur et pianiste jouent un peu moins fort.
Mario nous explique sa démarche de déconstruction des rythmes du zouk en y ajoutant le jazz. C'est plus souple, plus subtil que le zouk habituel. Pas de boite à rythmes, pas de rythmes en boite. Le tempo se calme mais ça balance toujours. Rondeur de la basse. Tiens, un air que je connais surgit de la musique mais son titre m'échappe et son passage est bref. Gros solo slappé de basse soutenu par le piano et la batterie. Ca repart en flèche ascendante. " C'est tellement facile que vous pouvez chanter avec nous " dit Mario. Et nous chantons: " Oooh, ooh, ooh ".
Mario calme le jeu en lançant une ballade. Batteur aux balais. Le trio file en zigzag comme un serpent dans l'herbe. La musique devient plus cristalline, plus rêveuse. " Sweet kon lakay ". Traduction: c'est bon comme chez nous.
" Karnaval Blues ". Cf extrait audio au dessus de cet article Le morceau commence par un solo de batterie et de percussions tout à fait festif et dansant. Piano et bassiste entrent dans la danse. C'est un Blues ultra rapide, dansant, carnavalesque à souhait. Mario chante en créole. C'est festif. Solo de basse. Maille à l'endroit, maille à l'envers. Le papa suisse musicien bat la mesure des mains et chante. Pas de place pour danser dans la salle et c'est dommage.
PAUSE
Le pianiste introduit une ballade. Le trio s'anime. Batteur aux baguettes. Que cela chaloupe bien, par Poseidon! Par rapport au Biguine Reflections Trio du Guadeloupéen Alain Jean-Marie (piano), avec la même instrumentation (piano, basse, batterie), la musique est plus efficace et plus extravertie mais moins raffinée et élégante. A chacun ses qualités. La jeune fille suisse s'est approchée du pianiste pour ne rien manquer de ses gestes. Belle montée en spirale au son des roulements de tambours.
Intro en piano solo. Ca sonne plus Jazz. Une ballade trop sentimentale à mon goût. La rondeur de la basse et les cliquetis des baguettes sur les bords de caisses et les cymbales s'ajoutent. Là, le trio démarre. Ca balance de nouveau. Solo de basse. Bonne onde. Le trio monte en puissance et nous emmène au loin, en mer des Caraïbes. Et bien non, c'était plus au Sud encore puisqu'il s'agissait d'un hommage à la Guyane avec " Les trois fleuves ".
" Shaft Zouk ". Un zouk où figure un rythme extrait du " " (1971) du Black Moses, Isaac Hayes (1942-2008). Effectivement, je reconnais une ligne de basse de Shaft. Ca sonne plus funky mais redevient zouk l'instant suivant. Ils déconstruisent le Zouk pour mieux le rebâtir. " " comme le dit bien le titre de l'album. A nous de chanter maintenant. Mario nous encourage: " Pas mal ". La chorale du public manque de répétitions et d'automatismes, évidemment. Le trio repart sur un autre air endiablé. Je ne suis pas le seul à hocher de la tête, balancer des épaules et battre du pied. La jeune et jolie Suissesse aussi. Sous surveillance parentale bien sûr. Le trio accélère brutalement. Vraoum! Un air répétititf et entraînant: " Owé! Owé! O ". Il faut être en forme pour assister à un concert du Zouk Out Trio de Mario Canonge. C'est de l'observation participante comme disent les sociologues.
PAUSE
Nous sommes en plein tournoi du Grand Chelem (US Open) et les musiciens sont prêts pour jouer un 3e set gagnant. Pour ma part, j'ai eu ma dose de beauté. L'abus du " Zouk Out " Trio de Mario Canonge est recommandé pour la santé. A consommer sans modération.