C'est elle qui partit. Comme souvent dans ces situations. Comme si une loi tacite empêchait les hommes de se montrer les premiers, chargés du poids de l'échec. Ou peut-être parce que partir signifie décider, une chose dont aucun homme n'est capable.
Le narrateur raconte ainsi sa rupture avec celle qui partageait sa vie. Il savait qu'une pause n'était pas impensable, mais il n'imaginait pas que le commencement de la fin de leur histoire serait un coup de massue: Le camouflet qui l'a atteint au milieu d'un parc d'automne.
Confronté au creux du sens de son existence, il doit, de plus, déménager. En attendant de trouver un nouveau toit, il survit: J'allais travailler avec le chagrin dans mon cartable, et mon métier m'apparaissait plus que jamais alimentaire, bien que l'appétit me manquât.
Chaque jour, il se couche un peu plus tard. S'il n'aime pas le moment où la nuit tombe, il aime son milieu, qui lui offre un répit, où il peut faire une pause bienvenue: la seule solitude qui vaille, et qui s'avère un Minuit blanc quand, une fois par mois, la lune l'éclaire.
Quand il n'est pas au travail, il se rend dans des cafés spécifiques à des heures spécifiques. Quand la vie lui devient impossible, il entre dans une librairie, pour tenter de faire coller les mots d'un autre à [son] histoire. Un jour, il acquiert un livre qui lui explique l'univers.
Dès lors, trop mal en point pour s'occuper d'amour - s'engager dans une histoire d'amour, c'est prendre la route en plein hiver -, il se délecte des anecdotes que produit le livre à propos de la galaxie; il se les approprie; il rhabille son histoire de vêtements cosmiques...
Francis Richard
Minuit blanc, Maxence Marchand, 64 pages, L'Âge d'Homme