Aux époques antérieures, et de façon schématisée, les canons de beauté valorisent une peau blanche, symbole de pureté et de noblesse. Celui, et en particulier celle, qui fait montre d'une peau sans aspérités et non exposée au soleil, ne travaille pas la terre ou n'exerce pas de métier en plein air, et peut dédier son temps aux activités nobles que sont les arts et humanités. En Égypte, tout comme chez les Grecs et les Romains, il est fait mention de fard permettant d'éclaircir et de blanchir les peaux ; plus tard, et notamment au XVIIIe, différentes eaux de beauté visent à gommer les imperfections de la peau, les tâches de rousseur et le hâle.
Ce rapport à la peau se concentre essentiellement sur le corps féminin, qui de tout temps a subi l'injonction d'être désirable. La geste médiévale, chevaliers et troubadours, chantent la beauté de la femme aimée et de son teint pâle. Les représentations sculpturales et picturales vont pour la plupart dans le même sens, notamment à travers les représentations de la Vierge Marie. Les aristocrates se promènent ombrelle en main et s'enduisent d'onguents dissimulant leurs rougeurs éventuelles. La dichotomie peaux noirs-peaux blanches va quant à elle jusqu'à justifier les détestables théories colonialistes et raciales que nous connaissons toutes et tous aujourd'hui. Petit à petit, avec la démocratisation du thermalisme et des bains contre les maladies liées aux poumons, au cœur, aux nerfs et à la peau, l'exposition au soleil s'immisce timidement dans les préconisations des médecins à partir du XIXe siècle. Envoyés dans des établissements spécialisés, les malades suivent des cures hydriques et doivent pratiquer des activités en plein air.
L'hygiénisme, courant prégnant en Allemagne, Italie et en Autriche influence également les esprits en prônant une activité sportive collective dans un environnement naturel, accompagnée de bains de soleil et d'une alimentation parcimonieuse.
Une icône popularise, aux dires des magazines, le hâle estival : il s'agit de Coco Chanel ! Ayant attrapé un coup de soleil à Deauville, elle se fait photographier, hâlée mais toute habillée. Ses connaissances mondaines lui envient rapidement ce teint mat et propagent ce nouvelle usage dans les hauts cercles de la société française. Pascal Ory écrit ainsi : "elle valorise une position d'avant-garde, elle accorde le primat à une figure associée au monde anglo-saxon tout au long de sa carrière de mode et de parfums". Pascal Ory note à ce sujet, le poids des magazines féminins tels que Vogue, puis Marie-Claire dans la propagation de la mode du bronzage.
Les congés payés accordés aux Français par le Front populaire achèveront de populariser les icônes du cinéma et de la mode bronzées à outrance en déversant les juillettistes et aoutiens sur les plages de France.
Après avoir porté le soleil aux nues, vinrent les premiers constats médicaux liés aux surexpositions au soleil. De glamour, le soleil redevient depuis environ 15 ans un astre ambivalent et craint. Leurs effets sur le soleil ont été dénoncés à grand coup d’études médicales et de cas de cancers de la peaux et de mélanomes.
Les préconisations penchent vers des expositions courtes et régulières, jamais sans crème solaire (non polluante). Respectées, ces règles simples permettent de bénéficier des bienfaits du soleil (apport en vitamines D) et d'éviter un vieillissement cutané de la peau. Quant aux techniques artificielles de bronzage (cabines UV et pilules favorisant un bronzage anticipé), elles sont tout simplement à proscrire.
L'industrie pharmaceutique a rapidement intégré ces standards et développé des gammes de produits en conséquence : "écran total", "SPF" et "waterproof" sont devenus des mots-clés du marketing solaire, soulignant l'efficacité des crèmes commercialisées.
Chères lectrices, chers lecteurs, une pause s'imposait au mois d'août. Nous nous retrouverons le 1er septembre. Profitez bien de vos vacances !