Photo Jean-Charles Houel
Le journal Le Monde daté d’hier a mis dans sa première page une photo d’abeille morte le ventre en l’air. Deux pages intérieures sont consacrées à un phénomène récent et inquiétant : la disparition des insectes. En quelques années 40 % des insectes autochtones ont disparu et avec eux un nombre considérable d’oiseaux. Il ne fait plus de doute aujourd’hui que les pesticides sont à l’origine de l’effondrement des colonies d’abeilles et avec elles les abeilles solitaires ainsi que les bourdons, tous pollinisateurs. Le gouvernement français, l’Europe, ont des positions ambiguës pour ne pas dire sans courage. L’influence de l’agro-industrie, d’une part, et celle des organisations agricoles majoritaires, d’autre part, ont conduit les élus à faire preuve d’indigence et d’irresponsabilité. On est certain aujourd’hui que le glyphosate, le régent, le cruiser, et autres pesticides, sont des produits toxiques pour la flore et la faune. Les abeilles sont en première ligne, elles sont des sentinelles sensibles à toutes les modifications de l’environnement. La cause de leur mortalité n’est pas unique. Aux empoisonnements par pesticides s’ajoutent des maladies spécifiques ainsi que les méfaits des prédateurs agressifs tels que le frelon asiatique. La prise de conscience constatée chez les citoyens est un signe positif tout comme celle des maires qui prennent des arrêtés contre l’épandage des pesticides sur le territoire de leur commune. Même s’ils se font recaler devant la justice, ils initient un mouvement bientôt irréversible. Ainsi, je suis heureux de publier l’« Appel des socialistes de l’Eureà soutenir les maires dans leur combat contre les pesticides » :« La Fédération de l’Eure salue l’engagement des maires de France et plus particulièrement de l’Eure qui ont pris la courageuse décision d’interdire l’usage des pesticides sur le territoire de leur commune.
A Saint-Éloi-de-Fourques avec Denis SZALKOWSKI, à Val-de-Reuil avec Marc-Antoine JAMET, mais aussi hors de Normandie avec Langouët, Perray-en-Yvelines, Château-Thierry et dans une vingtaine de communes déjà, des maires ont pris la décision d’interdire le glyphosate dans l’agriculture ou l’usage de pesticides ou de nitrates à proximité des habitations.
Nous soutenons ces maires qui refusent la non assistance à population en danger, en défendant la santé des gens. Nous soutenons ces maires qui veulent garantir notre sécurité alimentaire en refusant de pratiquer « en même temps » la culture des sols pour se nourrir et la pollution de ces mêmes sols au risque d’en mourir. Nous soutenons ces maires qui concilient dans leur action au quotidien exigence sociale, précaution sanitaire et impératif écologique. Les mettre en cause au nom de la loi n’est pas être à la hauteur. Il est déjà arrivé dans l’Histoire que la loi ait besoin pour évoluer d’un aiguillon civique.
Voilà pourquoi nous appelons à amplifier ce mouvement qui n’est pas contre les agriculteurs, mais qui les invite à participer avec nous au combat pour une agriculture et une alimentation qui ne soient pas dominées par les intérêts financiers mais par un souci d’agronomie, d’économie territoriale, d’emploi, de qualité et qui préservent et renforcent la santé de nos concitoyens et celle des générations futures.