Depuis dix ans, la Nox Orae est un effort pour amener du rock et des musiques actuelles de choix dans la région de Vevey. Situé dans le cadre majestueux du jardin Roussy à la Tour-de-Peilz, une commune voisine, cet événement local a toujours proposé des artistes internationaux avec des proportions humaines. Avec une capacité de 1500 personnes, c’est un privilège d’apprécier des musiciens de la taille de Brian Jonestown Massacre, Ty Segall ou Thurston Moore dans des conditions intimistes pour un festival en plein air. Parmi les excellents concerts des années précédentes, Warpaint, Esben and the Witch, The Young Gods, Solange la Frange, Wooden Shijps, Follakzoïd ou encore The Soft Moon se rajoutent à une liste de moments mémorables et émotifs, sans oublier les shows impressionnants de Slowdive et The Jesus and Mary Chain, qui couronnèrent celle qui fut la première édition sold-out de la Nox Orae, avec du public venu de Suisse alémanique et de l’étranger.
Lords of Rock: Après 10 ans de Nox Orae, qu’est-ce qui vous pousse à continuer à faire ce festival ?
Joël Bovy : L’amour de la musique et surtout l’engouement que nous voyons que ce festival provoque depuis quelques années. Cela nous aide à continuer parce que ce n’est pas facile. Ça demande beaucoup d’énergie et de temps pour le préparer et puis, des fois, il y a des coups durs. Mais ce qui nous pousse c’est de pouvoir proposer une musique que l’on ne voit pas dans beaucoup de festivals de la région, sur une petite surface et de voir qu’il y a un écho qui est chaque fois plus grand, que ce soit en Suisse Romande, en Suisse alémanique ou, maintenant depuis quelques années, avec des gens qui viennent nous voir de l’étranger. Cela nous motive à continuer.
Dix ans, ça se fête !
Nous avons mis plusieurs choses en avant. La première, c’est que nous avons rajouté une soirée. Ça faisait neuf ans que nous faisions un festival sur deux soirs et nous avons ajouté le jeudi soir. La deuxième, c’est que nous voulions faire un petit évènement spécial et exclusif: au moins un concert que l’on ne pourrait pas voir ailleurs. Sur cette édition, nous avons réussi à faire venir un groupe estonien qui s’appelle Holy Motors, qui va venir jouer avec Anton Newcombe comme invité. Ce dernier, qui est le leader des Brian Jonestown Massacre, vient de les enregistrer à Berlin. Le groupe et Anton vont se retrouver ici sur place et ils vont répéter ensemble deux jours avant. Donc ce sera vraiment quelque chose qui se montera pour l’occasion et ils offriront un concert unique le samedi soir. Ça c’est un grand événement et avec le jour additionnel, c’est les deux grandes nouveautés de cette édition.
Vous avez également des têtes d’affiche de luxe, dignes de festivals beaucoup plus grands, tel que Spiritualized, The Flaming Lips et Deerhunter…
Oui, nous voulions également marquer ces dix ans avec de grosses têtes d’affiche, d’autant plus que nous en avons deux en exclusivité pour la Suisse: Spiritualized et The Flaming Lips, qui eux ne font que cinq dates en Europe, dont une à Milan et trois en Angleterre, avant de partir continuer leur tournée en Australie et en Amérique. Donc, c’est un grand évènement et en plus, c’est un groupe qui est très festif sur scène et cela nous paraissait logique pour fêter nos dix ans de festival: il y aura des confettis et des bulles partout, c’est un show grandiose à l’américaine que nous allons pouvoir faire dans une petite surface. Je me réjouis de voir cela.
C’est un moment important et vous vouliez marquer le coup…
Oui, nous voulions proposer quelque chose de nouveau à notre public, qui nous suit depuis un moment. Nous essayons aussi de passer un cap, c’est-à-dire devenir un festival important non seulement dans la région mais aussi à un niveau suisse et de faire de celui-ci un moment attendu. C’est vrai que nous avions déjà vu cela pour les dernières éditions, mais cette fois-ci nous voulions vraiment marquer le coup, en proposant trois soirées qui me paraissent stratégiquement assez bonnes au niveau de la programmation.
À quelques jours du festival, comment tu vois venir l’événement ?
C’est tendu, car qui dit grosses têtes d’affiche et marquer le coup dit également un plus gros budget qu’auparavant, ce qui nous pousse à devoir vendre plus de billets. Nous savons que la marge est très petite cette année pour pouvoir s’en sortir. La météo et tout le reste est important, donc nous sommes tendus, mais nous nous réjouissons de savoir que ça va être un spectacle d’une grande qualité. Nous verrons où nous en sommes après le festival.
Quels souvenirs as-tu de ces dix ans?
Parmi les plus grands souvenirs, il y a quand même la première édition car nous n’avions pas l’expectative de faire un festival, nous cherchions juste à faire un concert que nous ne pouvions pas placer au Rocking Chair (le club local à Vevey- ndr) et que nous voulions offrir aux veveysans. Nous avions donc monté la scène et nous avions eu beaucoup de monde. C’était un mercredi soir et c’était plein. Cela nous a permis de continuer cette aventure. Ensuite, il y a la troisième édition, où nous avons eu le dernier concert d’Electrelane, qui ont ensuite arrêté leur carrière. Il y a aussi le fait que nous nous sommes liés d’amitié avec plusieurs artistes au long de ces dix ans, comme Anton Newcombe et Ty Segall, qui adorent venir jouer et qui nous le demandent, même, car ils aiment bien l’ambiance et ce que nous leur proposons. Cela est également un bon souvenir, de créer des liens particuliers avec certains artistes. Ensuite, il y a eu cette année incroyable, il y a deux ans, où nous avions eu le retour de Slowdive et des Jesus ans Mary Chain sur scène, il y avait aussi Ty Segall. C’était une grande édition, la première où nous avions fait un sold-out, avec 1500 personnes sur le site. Alors quand tu vois le site rempli et l’engouement du public, ça reste. Je crois que c’était la meilleure édition de toutes et nous avons envie d’en faire d’autres comme ça.
Comment vois-tu le futur du festival ?
Compliqué, car nous aimerions continuer à le faire et financièrement c’est compliqué. Nous ignorons chaque année si nous pourrons continuer. C’est un pari à chaque fois. D’autant plus que, comme tout le monde le sait, les artistes demandent de plus en plus d’argent. Par rapport à la première édition, les cachets ont juste triplé. Pour notre part, en dix ans, nous n’avons jamais augmenté le prix du billet, qui est toujours de quarante-neuf francs par soirée et avec ces frais qui commencent à exploser, ça devient compliqué. Ça fait dix ans que nous avons la même structure, avec une grande scène et quatre concerts, j’aimerais pouvoir proposer des surprises à l’avenir. Je ne sais pas encore dans quel sens, nous allons y réfléchir tous en équipe. Nous pourrions faire des projets spéciaux comme les Holy Motors avec Anton Newcombe cette année ou nous permettre de petites folies pour que le public ait quelque chose en plus.
Plus d’informations sur le site du festival : https://www.noxorae.ch/programme
Horaires et programmation :
Jeudi 29 août
19:15 HYPERCULTE
20:20 LOW
22:10 DEERHUNTER
00:00 DIE WILDE JAGD
Vendredi 30 août
19:15 SUN COUSTO
20:20 DEERHOOF
22:10 THE FLAMING LIPS
00:10 VIAGRA BOYS
Samedi 31 août
19:30 MOUNT KŌYA
21:00 HOLY MOTORS + SPECIAL GUEST ANTON NEWCOMBE
22:30 SPIRITUALIZED
00:30 THE PSYCHOTIC MONKS
01:50 ANTON NEWCOMBE (DJ SET)