Si la propagation du cancer affecte de nombreux patients, les scientifiques ne savent toujours pas quels processus moléculaires sont à l'origine du mouvement des cellules. Cette recherche d’une équipe de l’Imperial College London, contribue à expliquer ce processus et identifie un commutateur clé de la propagation tumorale. Sous réserve d’être reproduits dans des essais plus vastes, ces résultats désignent une nouvelle cible prometteuse pour lutter contre la pharmacorésistance du cancer du sein.
Ces recherches préliminaires, menées par ces scientifiques de l’Imperial College de Londres et de l’Institut de recherche sur le cancer de Londres, identifient en effet un « commutateur » génétique dans les cellules cancéreuses du sein, qui stimule la production d’un type d’échafaudage interne (Voir visuel : échafaudage en vert et en violet (Keratine-80)). Cet échafaudage est un type de protéine, appelé Kératine-80, (associé à la protéine qui contribue à la santé des cheveux). L'augmentation de cet échafaudage renforce la rigidité des cellules cancéreuses, ce qui, selon les chercheurs, aide les cellules à s'agglutiner et à se déplacer dans le flux sanguin vers d'autres parties du corps.
Cibler un « interrupteur » pour inverser la résistance tumorale
L’équipe a découvert que lorsque les cellules cancéreuses du sein deviennent résistantes à l’inhibiteur de l'aromatase (un médicament anticancéreux), cibler cet interrupteur avec un autre médicament pourrait permettre d’inverser cette résistance et rendre le cancer moins susceptible de se propager. L’auteur principal, le Dr Luca Magnani, du Département de chirurgie et du cancer à l'Imperial ajoute : « Le cancer du sein est le cancer le plus courant. Mais environ 30% des patientes rechutent après une intervention chirurgicale et verront leur cancer réapparaître, en général parce que les cellules cancéreuses se sont adaptées ou se sont propagées ».
Les inhibiteurs de l’aromatase sont utilisés pour traiter un type de cancer du sein appelé récepteur œstrogénique positif. Celles-ci représentent plus de 70% de tous les cancers du sein et sont alimentées par l'hormone œstrogène. Ces cancers sont généralement traités chirurgicalement pour enlever la tumeur, suivis d'un traitement hormonal ciblé, soit des inhibiteurs de l'aromatase, soit le tamoxifène, qui bloque les récepteurs des œstrogènes. Les inhibiteurs de l'aromatase sont généralement administrés aux femmes ménopausées et empêchent la production d'œstrogènes dans d'autres tissus. Cependant, environ 30% des patientes atteintes d'un cancer du sein qui prennent des inhibiteurs de l'aromatase voient leur cancer réapparaître. Ce cancer récurrent est généralement métastatique, ce qui signifie qu'il s'est propagé dans tout le corps et que les tumeurs sont résistantes aux inhibiteurs de l'aromatase.
Les cellules cancéreuses deviennent résistantes aux inhibiteurs de l'aromatase en se constituant une source alternative de « carburant ». L’équipe a découvert que lorsque les inhibiteurs de l’aromatase privent les cellules cancéreuses d’œstrogènes, certaines s’adaptent en augmentant la production de cholestérol, qu’elles utilisent ensuite pour survivre. Cela signifie que si le cancer réapparaît, il ne pourra plus être éliminé par le même type de médicaments.
Sur des cultures de cellules de cancer du sein humaines, l’équipe montre que le commutateur, kératine-80, qui active les gènes qui augmentent la production de cholestérol, active également les gènes qui rendent les cellules plus rigides et plus susceptibles d’envahir les tissus voisins.
De plus, chez les femmes dont les cancers s'étaient répandus dans le corps, les cellules contiennent des quantités plus élevées de kératine-80.
Le ciblage de kératine-80 pourrait empêcher les cellules cancéreuses de devenir résistantes aux médicaments et de se propager à d’autres régions du corps.
Si ces résultats sont confirmés, ils ouvriront la voie à de nouveaux traitements ciblant kératine-80 et permettant de limiter la propagation tumorale.
Source : Nature Communications 09 May 2019 SREBP1 drives Keratin-80-dependent cytoskeletal changes and invasive behavior in endocrine-resistant ERα breast cancer (Visuel Imperial College London/Institute of Cancer Research)
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Équipe de rédaction Santélog Août 28, 2019Rédaction Santé log