Au début de l’année 1831, il part en Italie où il doit recevoir une récompense musicale de prestige, le Grand Prix de Rome. Mais il est inquiet de ne pas recevoir de nouvelles de sa fiancée et décide de rentrer précipitamment à Paris. Alors qu’il est au repos forcé pour cause de maladie à Florence, il apprend que celle-ci a décidé de le quitter. Fou de rage, il veut rapidement rentrer à Paris pour… la tuer, avant de se suicider. Arrivé à Gênes, la police refuse de le laisser prendre la route vers Turin et l’oriente vers Nice, pas encore française.
Sur place, il trouve une chambre à l’hôtel de Suisse, qui existe encore aujourd’hui. Ses funestes projets sortent soudainement de son esprit. Lorsqu’il écrit à sa famille, il déclare avoir trouvé "une chambre délicieuse sur une petite montagne fortifiée" et que ses "fenêtres donnent sur la mer". Bref, il retrouve goût à la vie. "Voilà que j'aspire l'air tiède et embaumé de Nice à pleins poumons; voilà la vie et la joie qui accourent à tire-d'aile, et la musique qui m'embrasse, et l'avenir qui me sourit". C’est même là qu’il trouve l’inspiration pour composer l'ouverture du Roi Lear, la tragédie de Shakespeare. Dans ses mémoires, il écrira avoir passé à Nice "les vingt plus beaux jours de sa vie". En septembre 1844, il revient à Nice pour un mois. L’hôtel de Suisse est complet. On le loge alors dans une modeste chambre située dans un bâtiment annexe, la tour Bellanda. C’est sur la terrasse de cette tour que sont actuellement exposés photos, dessins et textes retraçant les passages du compositeur sur les bords de la Méditerranée.
Lorsqu’on s’y trouve, on comprend mieux pourquoi cette vue l’a tant inspiré. La grande Bleue s’étend à perte de vue avec, en contre-bas, les longues rives de la promenade des Anglais. Berlioz composera ici une nouvelle ouverture, La Tour de Nice, en hommage à la Tour Bellanda. Cette œuvre sera modifiée et rebaptisée par la suite Le Corsaire.
La troisième et dernière visite du compositeur a lieu en mars 1868. Durant son séjour, il fait une mauvaise chute dont il ne se remettra jamais. Il mourra à Paris en mars 1869, non sans se souvenir des mots qu’il prononcera en quittant la Côte d’Azur: "Oh, ma jolie petite Nice, et la mer, et les rochers verdoyants, et le vent frais! Adieu, adieu". Chères lectrices, chers lecteurs, une pause s'imposait au mois d'août. Nous nous retrouverons le 1er septembre. Profitez bien de vos vacances !