L’une des erreurs que cette saison 2 de The Handmaid’s Tale a pu faire est peut-être d’y aller trop fort. Le côté violence gratuite n’est pas forcément ce que je préfère dans la série, tant l’analyse psychologique de ses personnages est suffisamment intéressante pour faire le boulot. Véritable symbole de la violence faite aux femmes, je dirais que la série est allée un peu trop loin cette saison. La saison 2 devient alors rapidement frustrante, surtout sur sa fin, aussi car l’héroïne stagne et le scénario répète des schémas déjà vu dans la saison précédente. Sans parler de la fin de la saison, magnifique certes, mais légèrement agaçante comme la plupart de ces épisodes. The Handmaid’s Tale reste pour autant l’une des séries les plus fortes actuellement diffusées avec une vraie analyse sur la place de la femme, la religion, les moeurs d’une autre époque, et sur l’évolution de notre société. Cette dystopie est souvent réaliste et tire des sonnettes d’alarme intéressantes sur le monde dans lequel nous vivons.
Pourtant, le début de saison était si bon, si bien orchestré que la série a peut-être décidé de se reposer ici sur ses lauriers. Rien de dramatique, juste une véritable frustration que j’ai vécu et qui me donne l’impression que les scénaristes ont de la peine pour terminer. La scène de viol dans « The Last Ceremony » (3.10) est assez impressionnante et presque gratuite. Le viol de June par Serena et Fred est une scène glaçante, qui fait froid dans le dos et impose encore une fois un style étrange à la saison. Sans parler de l’accouchement d’Offred et de cette marre de sang, alors qu’elle se retrouve seule au fond des bois. Sans parler de la noyade d’Eden dans la piscine où tout le monde regarde sans rien faire. La violence est donc très présente cette année, quitte souvent à devenir insoutenable et n’apporte d’un point de vue narratif rien du tout.
Fort heureusement nous avons Elisabeth Moss. Cette dernière continue de briller, quitte par moment à laisser son personnage en faire un peu trop. Car le scénario est dans la surenchère, comme s’il y avait une compétition : celle de faire pire que la première saison en termes de violence et pour mettre à bout ses personnages. Je sais qu’il y a un coin dans The Handmaid’s Tale qui en fait une série horrifique, mais est-ce nécessaire d’en abuser ? Je ne pense pas. La saison 2 ne se repose pas sur le roman de Margaret Atwood (puisque l’histoire de la saison 1 incarne l’intégralité du roman), donc en partant sur de nouvelles bases, où il faut créer toute l’histoire, The Handmaid’s Tale se repose encore trop sur l’oeuvre d’origine et donc sur ce que l’on a déjà vu dans la première saison. Ce sentiment de répétition n’est pas fondamentalement gênant, mais pas une grande preuve d’originalité non plus.
Les aller-retour émotionnels des personnages font là aussi un caractère intéressant qui plonge les personnages dans des questionnements qui permettent des dialogues réfléchis. Le développement des personnages est donc parfois un brin mis de côté, comme si l’on nous montrait d’autres choses en attendant que les scénaristes trouvent de vraies idées pour faire avancer l’histoire. Si l’on pouvait attendre une rébellion d’ici la fin de la saison, la série reste stoïque et ne fait pas de grandes avancées là dessus non plus. Il faut attendre la fin de la saison pour avoir l’ombre d’une action, ce qui est dommage. Et tout cela pour que June reste, pour le bien de sa fille (et cela peut se comprendre). Loin de moi l’idée de dire que cette saison 2 est ratée car globalement il y a suffisamment de bons personnages et des moments importants pour que l’on en garde un bon souvenir. Je dirais juste qu’elle a fait parfois des choix narratifs qui ne sont pas ce que j’attendais (mais qui restent suffisamment bien justifiés). J’ai maintenant hâte de commencer la saison 3….