Cette autobiographie retrace le parcours de Mandela, depuis son enfance jusqu'à son élection comme président en 1994. Né à la campagne, éduqué pour devenir conseiller royal, il fuit un mariage arrangé pour poursuivre des études de droit à Johannesburg où il travaille pour devenir avocat. Il s'engage bientôt dans le Congrès national africain (ANC) pour soutenir les droits des africains - et des métis - et réclamer le droit de vote. C'est, je crois, la partie que j'ai trouvée un peu longue : les manifestations, les déplacements, la création de la charte pour la liberté et les arrestations. On est encore dans la non-violence jusqu'aux années 60 où Mandela part se former pour mener des actions de sabotage et introduire la lutte armée par l'ANC. Puis c'est l'arrestation, le procès de Rivonia et l’incarcération à Robben Island. Là, tu t'inquiètes du nombre de pages qu'il reste. Et en fait, il se passe plein de choses en prison. Le racisme y sévit autant qu'à l'extérieur, les sujets de lutte sont toujours là. Et Mandela ne renonce pas. C'est dingue cette force, cette persévérance ! C'est d'ailleurs là qu'il commence cette autobiographie. Enfin, les dernières pages parlent des négociations, entamées sous la pression internationale, et menées avec tact et discrétion par Mandela et le gouvernement. C'est un jeu de finesse pour parvenir à faire tomber l’apartheid. On ne saura pas comment se vit l’accession au pouvoir et le démantèlement d'un système oppressif.
Ecrit avec beaucoup de précision et de détails, notamment sur tout ce qui est politique, cette autobiographie fait surtout ressortir la puissance du personnage. On ne saura rien ou presque de sa vie personnelle, de ses sentiments, c'est très factuel et donc assez froid. Heureusement, quelques pages, dont les dernières, laissent transparaître l'homme et ses valeurs derrière ses actes et déclarations. Édifiant comme je le disais !
" J’ai toujours su qu’au plus profond du cœur de l’homme résidaient la miséricorde et la générosité. Personne ne naît haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de son passé, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr, et s’ils peuvent apprendre à haïr, on peut leur enseigner aussi à aimer, car l’amour naît plus naturellement dans le cœur de l’homme que son contraire. Même aux pires moments de la prison, quand mes camarades et moi étions à bout, j’ai toujours aperçu une lueur d’humanité chez un des gardiens, pendant une seconde peut-être, mais cela suffisait à me rassurer et à me permettre de continuer. La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher, mais qu’on ne peut jamais éteindre".