« J’ai pensé que le gamin était maltraité, j’y ai pensé très vite, peut-être pas les premiers jours mais pas longtemps après la rentrée, c’était quelque chose dans la façon de se tenir, de se soustraire au regard, je connais ça, je connais ça par cœur, une manière de se fondre dans le décor, de se laisser traverser par la lumière. Sauf qu’avec moi, ça ne marche pas. Les coups je les ai reçus quand j’étais gosse et les marques je les ai cachées jusqu’au bout, alors à moi on ne la fait pas. »
Avec « Les Loyautés », Delphine de Vigan livre un roman choral à quatre voix, qui met en scène des personnages malmenés par la vie, en prise avec leurs propres démons. Il y a tout d’abord Hélène, passant outre les limites de sa fonction, à cause d’un passé d’enfant battue qui continue de la hanter. Il y a ensuite Théo, un gamin en détresse qui trouve refuge dans la boisson. Puis il y a Mathis, le seul ami de Théo, qui, n’étant pas beaucoup mieux loti que son copain, l’accompagne volontiers dans ses délires éthyliques. Et il y a finalement Cécile, la mère de Mathis, qui consulte un psy après avoir découvert le secret de son mari sur les réseaux sociaux et qui s’inquiète des fréquentations de son fils…
Delphine de Vigan (« Les gratitudes ») parvient une nouvelle fois à dresser le portrait de personnages profondément humains et extrêmement touchants, tout en parvenant à saisir l’infiniment intime. D’une plume délicate, elle décrit non seulement avec brio les relations qui se tissent entre les personnages, mais aborde également avec grande justesse de nombreux thèmes sensibles et malheureusement d’actualité au sein de notre société, tels que le divorce, l’enfance brisée ou l’alcoolisme précoce.
Les loyautés, Delphine de Vigan, JC Lattès, 208 p., 17 €
Ils en parlent également : Maeve, Folavril, Juju, Lectures de rêve, Les livres d’Eve, Fan de lecture, Pousse de Ginkgo, Céline, Caro, Le bazar de Barbouille, Librarian Life, Foxybook, Light & smell
Publicités