Notre maison brûle; Oui mais surtout en Afrique !
L’Amazonie a donc été invitée au G7. Habillé en géant vert, Emmanuel Macron en a fait son cheval de bataille sur le thème : Notre maison brûle ! Espérons que cette formidable image, lancée par Jacques Chirac, sera suivie d’un peu plus d’effets qu’à l’époque…en 2002 ! Les incendies en Amazonie sont effectivement dantesques, mais ils ne sont en rien un phénomène nouveau. Chaque année des dizaines de milliers d’hectares sont ainsi défrichés, ou plutôt nettoyés à la saison sèche, en utilisant la technique des indiens, celle de la culture sur brûlis, une technique que l’on retrouve aussi en Guyane, pour faire son « abattis » son champ de cultures vivrières. Évidemment, on est loin des techniques traditionnelles quand ce sont des incendies provoqués et attisés par les intérêts de l’agrobusiness, dont on sait à quel point ils sont liés au Président brésilien. On accuse donc Bolsonaro, comme si par sa seule Présidence il avait mis la forêt en feu. Mais accuse-t-on Justin Trudeau pour les incendies catastrophiques de 2017 et 2018 au Canada ? Ou Vladimir Poutine pour les incendies également catastrophiques en Sibérie ? Emportés par l’émotion, par la mauvaise conscience, le « sanglot de l’homme blanc », nous en oublions la réalité, rappelée par ces cartes publiées par la NASA. En ce moment, c’est l’Afrique centrale et de l’Est qui brûle, beaucoup plus que l’Amazonie. La pauvreté, ne serait-ce pas cela la principale menace pour notre planète ? Sommes-nous les mieux placés pour demander des comptes aux brésiliens sur leur manière de gérer leur forêt. Au nom de quoi ? Du droit d’ingérence écologique ? Parce que l’Amazonie appartiendrait à l’humanité ? Comment refuser à ces pays la possibilité d’exploiter leurs ressources naturelles, alors que notre richesse actuelle est le résultat de bien pire. Par exemple, pendant 3 siècles, en colonisant les immenses terres vierges d’Amérique du nord, massacrant les indiens, décimant les bisons, défrichant les sols jusqu’à les transformer en poussière comme dans les années 1930 dans le fameux dustbowl en Oklahoma. Rendez les États-Unis et le Canada aux « peuples autochtones » ? Et puis « charité bien ordonnée commence par soi-même » et pour nous français, cela devrait commencer par la Guyane. A qui appartient ce territoire vaste comme le Portugal ? Et qui est « autochtone » en Guyane ? Les seuls indiens ? les populations noires marrons ? Les « créoles », les descendants d’esclaves déportés depuis l’Afrique, les nouveaux immigrants, venus d’Haïti, du Brésil voire même d’Asie ? Qui doit décider de mettre sous cloche ses ressources au nom de la conservation de la forêt ? et comment peut-on la protéger des appétits de pays infiniment plus peuplés comme le Brésil dont les clandestins viennent exploiter illégalement et sans respect de l’environnement, ses réserves en or ? Essayons d’abord de répondre à ces questions qui nous concernent au premier chef. Avant de demander des comptes à un Président brésilien, qui bien sûr, en dehors de ses rodomontades, démontre tous les jours qu’il n’est pas à la hauteur. C’est d’ailleurs ce que commencent à penser de plus en plus de brésiliens qui avaient voté pour lui par exaspération anti-élites, anti-corruption, anti-désordre. La démocratie, la bonne gouvernance, la corruption, le développement, la lutte contre la pauvreté et les inégalités croissantes : il est moins facile d’apporter des réponses à ces questions brûlantes. Et pourtant, elles sont en grande partie à l’origine des feux en Amazonie.