Allez, je vous parle aujourd’hui d’un titre sorti discrètement il y a trois jours, car il mérite de ne pas passer inaperçu. Les liens est un roman paru à l’origine en Italie en 2015. Et j’y ai retrouvé immédiatement cette ambiance particulière, introvertie et bavarde, des films de Nanni Moretti (Journal intime) par exemple. Vanda et Aldo se sont mariés très jeunes, ont eu rapidement deux enfants, puis se sont séparés quelques années plus tard alors qu’Aldo entame une liaison avec une étudiante, Lidia. Nous sommes dans les années 70 et Vanda passe alors par toutes les étapes du deuil, colère, supplication, désespoir, pour tenter de ramener son mari à la raison et le récupérer. Le bien-être des enfants devient vite son levier principal, celui qui fait culpabiliser le plus Aldo. Après plusieurs années de séparation, le voici d’ailleurs de retour dans son foyer. Puis, nous retrouvons Aldo et Vanda, plusieurs décennies plus tard, en tant que couple âgé, sur le point de partir en vacances. Lorsqu’ils reviennent chez eux, après une semaine de farniente au bord de la mer, leur appartement a été saccagé et leur chat a disparu, de quoi déstabiliser ce couple pourtant rompu aux secrets, et qui a appris à cacher ses sentiments, ses souvenirs heureux et ses aspirations personnelles. Ce roman est une réflexion sur le temps qui passe, l’usure du couple, la fragilité des sentiments, mais surtout sur les impasses que constituent souvent les actes effectués pour le bien d’autrui. Ne dit-on pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? J’ai beaucoup aimé lire ce petit livre court, malgré la lenteur du texte, ce sentiment de torpeur, d’engourdissement qui semble envelopper la vie d’Aldo et de Vanda. Il donne envie de ne pas s’enfermer dans ce type de relation et nous laisse en fin de récit littéralement bouche-bée.
« Au cas où tu l’aurais oublié, mon cher, je te le rappelle : je suis ta femme. »
Editions Fayard – 21 août 2019
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…