Durant toute sa campagne, Nicolas Sarkozy avait promis la rupture. Force est de constater que sur certains points il tient parole. Dernière victime en date de cette rupture, la fiction gaulliste du président arbitre au-dessus des partis est train de voler en éclats, grâce à a la volonté annoncée du chef de l'Etat de garder la main sur l'UMP.
Pour y parvenir, Nicolas Sarkozy utilise une méthode vieille comme le monde mais qui a fait ses preuves : diviser pour mieux régner en proposant, ou plutôt en imposant, à son parti une nouvelle organisation bicéphale dans laquelle la direction sera assurée par un vice-président chargé d'animer le conseil national et un secrétaire général chargé de l'exécutif. Le tout bien entendu en se passant de président, puisque le seul, le vrai, l'unique a déménagé de la rue la Boëtïe au faubourg St-Honoré. Plus précisément (mais moins simplement...) désormais, la direction de l'UMP sera assurée par un tandem constitué du président du conseil national, le "Parlement" du parti, et le secrétaire général, "Premier ministre" du parti, assistés chacun de deux adjoint, de plus le secrétaire général sera révocable à tout moment par le bureau politique "comme l'est un Premier ministre dans un gouvernement", explique Patrick Devedjian. Ce dernier sait de quoi il parle, puisqu'en plus d'être un sarkozyste de choc, il sera prochainement nommé secrétaire général. Il fera ainsi équipe avec Jean-Pierre Raffarin, futur vice-président du parti, en charge de la présidence du conseil national.
Comme souvent, force est de reconnaître que Nicolas Sarkozy est passé maître dans l'art de la tactique politique en plaçant deux de ses fidèles privés de maroquins ministériels à des postes prétendument stratégiques pour majorité. Surtout que selon toute vraisemblance ils devraient se bouffer le nez pour parvenir à exister plutôt que lui faire de l'ombre à la direction de l'UMP. D'ailleurs la preuve que le chef de l'Etat continue de suivre de très près son parti, son conseiller chargé des élus à l'Elysée, Jérôme Peyrat, va conserver sa fonction de directeur général de l'UMP, a confirmé Patrick Devedjian pusique "les deux sites ne sont pas éloignés l'un de l'autre et les fonctions se rejoignent à bien des égards". Jean-Pierre Raffarin ne dit d'ailleurs pas autre chose en précisant qu'il n'y a "qu'un seul patron" à l'UMP, Nicolas Sarkozy, "inspirateur" et "patron naturel", même s'il n'est pas "un patron juridique".
On ne peut que comprendre le président de la République de ne pas vouloir laisser les clés d'une machine de guerre comme l'UMP, 400 000 adhérents revendiqués tout de même, à qui que se soit, puisqu'il se souvient que c'est en la piquant à Jacques Chirac qu'il avait fait un pas significatif vers l'Elysée...