Dans Le Monde daté d’hier, la série d’été « Le Monde et moi » s’ouvrait aux relations entretenues avec le quotidien par le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux. Le titre m’avait fait frétiller : « Cette distribution d’étoiles à laquelle l’époque succombe ». Car j’ai déjà écrit, ici ou là, combien l’assimilation d’une production culturelle à une matière pour guides gastronomiques me semble une dérive à côté de laquelle les promesses de la lecture rapide ne représentent qu’un péché véniel. Thierry Frémaux, donc, laisse entendre, bien que sans la virulence que j’aurais pu y mettre, combien « cette distribution d’étoiles à laquelle l’époque, hélas, succombe partout » (le « hélas » en dit long) l’irrite. (Ici, un douloureux aveu : le journal pour lequel je travaille pratique aussi cette politique des étoiles, et je m’étais donc employé, en début de semaine, à noter – le vilain mot ! – les livres de la rentrée sur lesquels mes articles paraîtront demain dans Le Soir. Trois étoiles donc, sur un maximum de quatre, pour Claro et Ottessa Moshfegh, deux pour Guillaume Lavenant, Aurélie Champagne et Jérôme Attal.)
- Page 17, Josyane Savigneau attribue cinq étoiles à Edna O’Brien.
- Page 49, Baptiste Liger, cinq aussi pour Sylvain Pattieu et Sylvain Prudhomme.
- Page 51, Laëtitia Favro, cinq à Yannick Grannec.
- Page 81, Josyane Savigneau récidive avec Joyce Carol Oates.
- Page 85, Hubert Artus fait le maximum pour Tommy Orange.
Et voici donc six chefs-d’œuvre, admettons, à lire toutes affaires cessantes. Après quoi vous pourrez passer à la petite vingtaine d’ouvrages crédités de quatre étoiles (que Lire aime « passionnément »). Cela devrait vous occuper suffisamment pour attendre sans impatience le prochain numéro du magazine.