La découverte de son dernier lieu de vie débute par une promenade sur un chemin pentu. Le terrain est découpé en planches sur lesquelles resplendissent des dizaines d’oliviers centenaires. Ils peuvent remercier le peintre, lui qui acquit ce domaine en raison notamment de leur présence. Une manière de les sauver de l’abattage promis par un autre potentiel acquéreur.
Ici et là, comme dispersés dans la nature, des reproductions d’œuvres du maître ainsi que des extraits d’ouvrages consacrés à sa vie et écrits par l’un de ses fils, Jean, ou bien son frère, Edmond. "Si vous voulez voir son visage s’illuminer, si vous voulez l’entendre –ô miracle– chantonner quelque gai refrain, ne le cherchez pas à table ni dans les endroits où l’on s’amuse mais tâchez de le surprendre en train de travailler", écrit Edmond. Pour ce faire, il fallait pousser les portes d’une ferme qu’il transforma en atelier. Elle existe encore et se visite. C’est à l’intérieur de celle-ci qu’il peint ses derniers tableaux. Essentiellement des portraits, des nus et des natures mortes. Cette modeste grange lui suffit mais il faut loger épouse, enfants, domestiques et amis, parmi lesquels Henri Matisse, Auguste Rodin et Pablo Picasso... Il fait donc construire une demeure où il vivra jusqu’à la fin de ses jours, entouré de ses proches. Dans les derniers mois de sa vie, son entourage l’aidera d’ailleurs dans sa vie de tous les jours, y compris pour préparer ses toiles et ses pinceaux, lui dont les doigts sont paralysés par la maladie.
En 1960, cette maison se transforme en musée. À l’intérieur, le temps semble figé. Les meubles sont d’époque, de même que le marbre des escaliers, le parquet craquant des chambres et les tomettes luisantes du séjour. On se déplace de pièce en pièce. La cuisine, la salle de bain, la chambre du peintre et celles de ses enfants. Des tableaux et clichés accrochés aux murs nous parlent. On y voit des moments du passé, des photos de famille, des morceaux de vie d’antan, dans la maison ou au milieu des champs. Du grand balcon, derrière de grands arbres, on aperçoit même le bleu de la Méditerranée.
On parvient à s’imprégner du passé tout en contemplant des œuvres à la beauté intemporelle. Pour fêter cet anniversaire, le musée d’Orsay a prêté des portraits peints aux Collettes. "Gabrielle à la rose", "La liseuse blanche" ou encore "Geneviève Bernheim de Villers" font ainsi partie d’une exposition temporaire intégrée dans la visite du musée. Au milieu de la salle sont exposés la chaise roulante, le chevalet, le matériel de peinture et même la méridienne sur lequel s’installaient ses modèles.
Avant de repartir, certains visiteurs ne peuvent résister à la tentation de s’allonger dans l’herbe, à l’ombre d’un olivier. Accompagnés du chant des cigales, ils contemplent un paysage dont l’artiste s’inspira tout au long des douze années qu’il vécut ici. Ils pourront ensuite quitter les lieux en longeant le vieux lavoir puis en empruntant un chemin caillouteux, comme le faisait Auguste Renoir, il y a un peu plus de cent ans.
Exposition temporaire jusqu'au 22 septembre 2019.
Informations : www.cagnes-tourisme.com Chères lectrices, chers lecteurs, une pause s'imposait au mois d'août. Nous nous retrouverons le 1er septembre. Profitez bien de vos vacances !