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Une autre fin (1)

Publié le 21 août 2019 par Nicolas Esse @nicolasesse

Je m’appelle Paul.

J’ai 39 ans.

J’ai toujours voulu être écrivain.

J’ai essayé. Plusieurs fois. J’ai écrit une dizaine de romans. Des courts. Des longs. Un roman historique. Un roman d’anticipation. Une histoire d’amour. Une autofiction basée sur ma tentative de suicide, ratée, il y a 9 ans. Le roman historique était trop long et l’amour aussi démodé que la science-fiction. Quant à mon autofiction, il y avait du bon, du moins bon, et surtout des détails trop crus sur la dernière phase de l’opération. Des détails graphiques. Des descriptions, trop… fouillée, vous voyez ? C’est ce m’a dit la femme qui m’a reçu, au 53ème étage de la tour végétalisée.

Je ne voyais pas, non. J’avais l’habitude des lettres-type : Monsieur, nous vous remercions de nous avoir confié votre manuscrit qui a été lu avec la plus grande attention. Poil au menton. Nous sommes au regret d’avoir à vous annoncer que votre texte n’a pas été retenu en vue d’une publication. Poil au bouillon. Nous le regrettons. Poil au camion. Recevez, Monsieur l’expression de notre plus parfaite considération. Poil au couillon.

Quatre maisons d’édition. Quatre adresses électroniques et vous avez fait le tour du monde du marché. Quatre clics qui suffisent à épuiser toutes les possibilités. Quatre fois « Envoyer ». Quatre courriers en retour. Une seule lettre-type.

Le monde simplifié.

Alors, je ne comprenais pas ce que je faisais là. Dehors il faisait beau. Je ne voyais qu’un immense carré de ciel bleu barré par un profil métallique. Et la silhouette de cette femme, son visage à contre-jour, brouillé, flouté, ses mains nerveuses posées bien à plat sur le plateau de verre dépoli.


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