FAB - Rue Clémenceau à Saint-Quay-Portrieux, le 17 août 2019
Le tableau du mois d'août n'est pas idyllique partout en France, tu parles, le soleil fait la grève depuis une dizaine de jours, les aoûtiens ont intérêt à prévoir des activités pour les jours de pluie.
18:15, en ce samedi maussade, une accalmie, tu sautes dans ta guimbarde, qui n'est pas équipée d'une batterie de 305 kg à recharger pendant 10 heures, tu l'abandonnes face au port de Saint-Quay pour rejoindre la rue Clémenceau où le Comité de Quartier organise un dernier concert estival, au menu de la soirée: FAB.
Quoi?
Franco à bord, le Caudillo est inhumé dans la basilique Sainte-Croix du Valle de los Caídos depuis 1975!
FAB, car Fabrice Holtz de Rennes.
Tu rigoles, Holtz n'est pas un patronyme breton, demande à Gérard...
Effectivement, le rouquin est originaire de Sarrebourg, Saarburch en francique rhénan.
Non, il ne reprend pas Knock on Wood ni Aussi dur que du bois, comme influences, il cite Renaud, Tryo, Louise Attaque ou Cabrel.
Sa disco compte trois albums, le dernier "Euuuuuuuuuuh " date de 2017.
Selon les moyens , le garçon se produit solo ou en duo, d'autres formules existent: trio ou quartet.
Saint-Quay a opté pour la dernière, le chanteur/compositeur/guitariste s'est amené accompagné par Antoine Guegan à la batterie ( non, ce n'est pas lui la voix de Johnny), Guillaume Barré-Van Ruymbeke aux harmonicas, guitares, à la mandoline et au violon ( comme le patron, il fait partie de Electrons Libres) et Philippe Lebel, non pas le roi de fer, un bassiste barbu coiffé d'une casquette plébéienne.
Démarrage groovy avec un extrait de la dernière plaque, le juteux ' Apprentis journalistes', la guitare funky et l'harmonica poisseux sentent bon De Palmas et Wah Wah Watson, pour les effets de pédale.
La suivante, bilingue, a définitivement conquis tes pavillons, ce 'Like a bluesman' avec voix transformée au vocoder suinte le funk blues de toutes ses pores..
Il paraît que le titre a été composé après une jam avec Lucky Peterson.
Saint-Quay, intimidé, a du mal à assurer les choeurs, ça viendra après la cinquième blonde.
Le multiinstrumentiste a ramassé une guitare sèche, les Fab Four entament ' Elle me dévore' , un titre pop accrocheur, permettant au leader de prendre quelques poses de guitar hero ayant beaucoup plu à Solange, une locale pas pusillanime.
Braves, gens il faut que vous vous mettiez dans la peau d'un serial killer pour ' Pas de limite', une plage décorée de lignes d'harmonica The Good, the Bad and the Ugly.
L'intro Nirvana de 'Saules pleureurs' a comblé un gars de Seattle perdu dans le coin, les guitares giclent, la rythmique cogne, c'est du rock, pépé!
Place à une ballade douce-amère pilotée par une mandoline ' Tu ne le sauras jamais', composée lors d'un atelier d'écriture , elle suit une java virant danse cosaque ' Végétarien' , recelant une vanne que tu n'oseras pas claironner sur facebook... si tu végètes t'as rien.... la toile festive nous renvoie vers les Négresses Vertes.
Toujours en mode mélancolique, voici le tendre ' Conversations' décrivant la naissance d'un amour paternel tardif.
Le quart-d'heure nostalgique se prolonge avec le profond 'Je n'aimerai plus'.
C'est un violon Catherine Lara qui amorce le nietzschéen ' Surhomme' avant de revenir au funk rock avec une plage catchy, ' C'est pas pour rien', décorée d'une séquence wah wah poisseuse.
Le single, musclé, du dernier album, ' Je veux ta peau' est à prendre d'un point de vue féminin.
Ecoute, mec, joue pas au minet avec moi, sois une bête...
Cette intro Chuck Berry te disait quelque chose, OK, c'est 'Hygiaphone' et c'est à Corine Marienneau, l'oubliée, que tu penses.
Fondu enchaîné sur ' Sur la route' de De Palmas pour lequel quelques groupies du coin assurent les choeurs.
Temps mort, réglage technique, conciliabule et retour vers les compos personnelles, le rock 'Le son qui tue' voit l'énumération de quelques as de la six cordes, BB King côtoie Marcel Dadi, Bob Dylan et Joe Satriani se mesurent pour découvrir le son qui tue.
Aucun cadavre sur le pavé, ils attaquent le cafardeux 'Tu n'es pas là' suivi par un titre plus ancien ' La java de ceux qui dérangent' décrivant des braves gens qui ont décidé de vivre autrement.
Le jean de Franki est délavé, Franki a le blues, ' Franki recherche soleil', Franki ne trouve pas!
Après cette complainte, Fab nous narre le cauchemar 'Tu me tiens loin' démarrant en mode downtempo pour éclater en speech revendicatif. L' harmonica et la guitare descendent dans l'arène se taper une joute bestiale.
'On en reparle' et ' Etiens ta radio', entamé par une guitare 'Rawhide' , terminent un set brillant.
Un instant folklorique précède les rappels inaugurés par la plage donnant son titre au dernier méfait,
'Euuuuuuuuuuh', une ritournelle facile à fredonner basée sur la fable ' La cigale et la fourmi', une version bis, brûlante, de ' Hygiaphone' clôture un concert apprécié par tous les clients.