Des coups de cœur absolu en rock. Je veux dire, un vrai coup de foudre... ça ne m'arrive pas souvent. Avec Fontaines DC, ça a été un crush à la première écoute. Dès la sortie du single " Hurricane Laughter ", puis confirmé par la sortie de l'album " Dogrel ", bijou de concentré post-punk anti-daté. L'album aurait pu sortir à l'époque de Joy Division, Siouxsie and the Banshees et Echo and the Bunnymen. Forcément il y avait beaucoup d'attente. Mais aucune déception. Le groupe monte sur scène à 19h20 pétantes.
Grian Chatten est celui qui attire toute l'attention. Le charismatique chanteur et parolier est comme un lion en cage et sa gestuelle - ne lui en déplaise - rappelle celle de feu Ian Curtis. Il débite ses litanies accroché à son micro, quand il ne parcourt pas la scène de long en large, le regard un peu fou. Le set de Fontaines DC. sera court, un peu plus d'une demi-heure, mais intense et furieux. Le temps de parcourir les titres déjà phares de leur courte discographie : " Sha Sha Sha ", " Big ", " Chequeless Reckless ", " Boys in the Better Land "... Huit titres et puis s'en va. Ça n'a pas empêché le public de pogoter.
Idles, la folie furieuse
Que dire de plus sur Idles. Tout a déjà été dit. Qu'un concert de cette bande de furieux est fou et jubilatoire ? Que leur rage est euphorisante. Que l'énergie qui se dégage de leur set est contagieuse. On peut aussi te redire que Mark Bowen et Lee Kiernan sont toujours aussi survoltés ? Que les paroles de leurs chansons (" Samaritans ", " Danny Nedelko ", " Mother ", " Love Song ", " Divide and Conquer ") ont un effet cathartique ? Ou alors que ça a du bon d'hurler parfois " I'm Scum "? Que chanter du Whitney Houston en slamant sur la foule est la chose la plus punk à faire en festival ?
Que les vociférations de Joe Talbot peuvent transformer n'importe quel public en vagues bouillonnantes ? C'est toujours vrai. Et au Fort Saint-Père, c'était encore ça. Malgré les tournées, malgré les kilomètres avalés, Idles donne toujours autant, avec le même plaisir, la même fougue, la même exaltation. A la Route du Rock, les festivaliers ont eu le droit à un petit bonus : Fontaines DC a rejoint leur grand frère sur scène sur " Rottweiler ".
La grande messe de Tame Impala
Il y a deux écoles quand il s'agit de Tame Impala. Il y a ceux qui aiment à la folie et ceux qui trouvent qu'il ne suscite aucun intérêt. Les goûts et les couleurs, n'est-ce pas ? En parlant, de couleurs, Tame Impala avait mis le paquet. Pour bien rentrer dans l'univers de l'Australien Kevin Parker, la scénographie faisait la part belle aux lumières éclatantes : la scène est noyée dans un tourbillon de lumières rouges, bleues, vertes et une vingtaine de lasers façon Pink Floyd. Les écrans aussi projettent des vidéos kaléidoscopiques histoire d'être totalement raccord. Ambiance psychédélisme à fond.
Alors non, regarder les membres de Tame Impala sur scène n'a pas grand intérêt. Il ne se passe des millions de choses. En revanche, pour apprécier leur concert, il faut accepter de se laisser porter par cette musique si particulière. Par la voix rêveuse de Kevin Parker, les mélodies hypnotiques, les pulsions rythmiques et métronomiques et les embardées cosmiques. Tame Impala plonge le public de la Route du Rock dans l'euphorie. Il se laisse porter par " Patience ", " Borderline ", " It Feels Like We Only Go Backwards ", " Eventually ", " Led Zeppelin ", " The Less I Know the Better ". Ça chaloupe, ça danse. ça rit. C'est de la musique qui rend heureux.
Tame Impala n'était pas le seul groupe australien du jour. Ils ont embarqué Pond avec eux. Les deux formations se connaissent très bien, pendant longtemps les membres étaient interchangeables. Nick Allbrook était le bassiste de Tame Impala avant de se consacrer pleinement à Pond. Plus foutraque, plus funk et moins interstellaire que les copains de Perth, Pond emporte aussi un public parsemé dans les confins de la folie douce. La faute à Nick Allbrook, pantin désarticulé à la gestuelle unique en son genre.
Black Midi... on passe
Prends un marteau piqueur. Ajoute les larmes bruyantes d'un enfant dans le train et l'alarme incendie du lundi matin... Mélange tout ça. C'est toujours plus audible que le concert de Black Midi. (Mais ça n'engage que moi, hein).
Textes : Sabine Bouchoul / Photos : Morgane Milesi