Nous inclut le je, c’est un « je dilaté », dit Marielle Macé.
Les : cet article, suivi du mot arbres, désigne toutes les sortes d’arbres sans distinction.
Arbres : je n’ose pas une définition tant ce mot caractérise d’espèces.
Nous les arbres, c’est donc une exposition exigeante puisqu’elle me sort du cadre où j’ai l’habitude de me situer, elle m’oblige à l’ouverture, à la reconnaissance de l’autre comme partie intégrante de mon « je ».
Les forêts des artistes yanomami (Amazonie brésilienne), nivaclé et guarani (Paraguay) montrent les interactions entre vivants, pas seulement dans l’utilisation que font les humains de ce qui n’est pas humain, mais aussi dans les échanges, aujourd’hui menacés par la déforestation. La disparition des langues en est une des conséquences, que montre une installation vidéo au sous-sol.
Fabrice Hyber emprunte le point-de-vue de l’arbre ; Raymond Depardon et Claudine Nougaret donnent la parole à celles et ceux qui les côtoient, chacune et chacun, décrivant sa relation à tel ou tel arbre, parle également de soi-même.
Et que disent les arbres ? Saura-t-on comprendre leur vie et leur sensibilité ? C’est ce qu’essaie de faire Stefano Mancuso avec Symbiosa qui mesure et exprime en cernes actualisés à chaque seconde la croissance de deux arbres du jardin de la Fondation Cartier et leurs relations avec l’environnement.
On sort de cette exposition avec plus de questions que de réponses.
Je reviens au livre de Marielle Macé, Nos cabanes, où elle cite Jean-Baptiste Vidalou : « être forêt ». Dans sa conclusion, elle écrit : « Il ne s’agit pas seulement de prendre la nature en respect, de voir dans la forêt une réserve précieuse de la biosphère, mais d’y reconnaître "un certain alliage, une certaine composition tout à fait singulière, de liens, d’êtres vivants, de magie"(…) où il serait enfin possible de respirer. »