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Quel avenir ?

Publié le 15 août 2019 par Jacquesmercier @JacquesMercier

Sous le titre « L’heure des choix », j’écrivais dans La Libre, il y a 11 ans déjà, à propos de ce passage unique de l’adolescence où on se choisit l’avenir. Des réflexions qui sont toujours valables, même si le contexte économique a changé l’enjeu.

« Qui suis-je ? Pourquoi suis-je né en ce monde ? Que dois-je y faire et pour quelle raison ? Toutes ces interrogations importantes sur soi-même, il faut bien qu’on les fasse pour avancer dans cette vie terrestre !

Toutes les aides sont les bienvenues, mais au bout du compte c’est à nous, et seulement à nous, qu’il revient d’en tirer les conclusions. Tout le problème est de savoir comment inscrire sa vie au milieu de celle des autres, puisque nous faisons partie des humains, et quel en est son sens. Je pense aujourd’hui que chaque constat est profondément personnel. On ne peut juger que par rapport à l’environnement social, religieux, culturel, où nous sommes nés, mais aussi par rapport à celui dans lequel nous évoluons, par choix ou par nécessité (ou par hasard), après l’enfance.

Autrement dit, c’est toujours la même histoire : analyser ses racines et, compte-tenu de tous les apports – ils ne cessent de s’additionner, de se mêler – décider d’une direction à prendre. Existe donc un « moment » crucial, terriblement délicat et difficile, où on peut prendre conscience de soi, de ses envies comme de ses capacités, et se mettre en marche.

Une fois le passé assimilé, le présent se change sans cesse en avenir. « Assimiler le passé » c’est parfois un long travail, comme le souligne Romain Rolland dans « Jean-Christophe » : « Par toute son éducation, par tout ce qu’il voit et entend autour de lui, l’enfant absorbe une telle somme de sottises, mélangées à des vérités essentielles, que le premier devoir de l’adolescent qui veut être un homme sain est de tout dégorger. »  Ce moment d’entre-temps est d’autant plus terrifiant qu’il se situe en général au cœur d’une mutation qui mène de l’enfance à l’adolescence et à la maturité. « La maladie de l’adolescence est de ne pas savoir ce que l’on veut et de le vouloir cependant à tout prix. » écrit Philippe Sollers dans « Le défi ».

On a presque l’impression que cette métamorphose se fait de manière naturelle, sauvage, sans compréhension ou sans réflexion. Certains semblent sûrs d’eux et ont la vocation, celle d’être artiste, d’être extraverti, d’être appelé dans tel ou tel métier, d’être fait pour… et ils se fient à cet instinct. Ils le regrettent parfois, malheureux plus tard de n’avoir pas eu le choix et d’avoir été aveuglé par le plaisir (faire ce que l’on aime), les conseils (la vanité d’être reconnu dans un domaine) voire l’entourage (la facilité d’être déjà porté par la tradition).

Certains, plus nombreux, rejettent l’interrogation, la reportent, l’évitent : ils vivent le présent de l’incertitude, de l’aventure, de l’inconnu, comptent sur la chance d’un coup de cœur, de foudre. Cela marche quelquefois : on se sent des affinités, qu’on ne soupçonnait pas, pour tel ou tel domaine, la science, les mathématiques, les langues, etc.

Certains, encore plus nombreux, ne trouvent pas. Ils choisissent de demeurer tournés vers le passé qu’ils connaissent ou ils font l’inverse, ils coupent les ponts et adoptent une fuite en avant.

Pendant cette période de choix, selon son caractère, on fait confiance aux autres, aux livres, aux professeurs, aux adultes en général ou on cherche selon ses propres critères. Le danger de l’adolescence est qu’on y agit avant de réfléchir. Et qu’on peut s’enferrer dans des convictions, qui ne reposent sur aucune expérience. Ce n’est pas un âge où l’on reconnaît facilement que l’on se trompe ! On voit donc toute la délicatesse de ce moment éminemment critique de l’existence.

Il n’y a pas une solution, mais des centaines de possibilités différentes pour aider quelqu’un à prendre conscience de soi. Comme toujours, il faut avant tout que la réponse vienne de la personne elle-même, qu’elle ne soit pas imposée mais suggérée.

Sommes-nous ces « anges » dans la vie des adolescents ? de nos enfants ? Conseillons-nous assez et dans la discrétion ou imposons-nous sans discrétion nos vues (qui ne valent que pour nous, rappelons-le !) ? Toute leur vie en dépendra et celles de leurs enfants et de leurs petits-enfants, ne l’oublions jamais !

Haim Ginott note ceci : « Si vous voulez rendre vos enfants meilleurs, donnez-leur l’occasion d’entendre tout le bien que vous en dites à autrui. » 

Quel avenir ?


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