Magazine Culture
Zéro esprit critique quand je lis Laurent Gaudé. C'est comme si je retrouvais un univers dans lequel tout est à sa place. Pourtant, ses ouvrages sont tout sauf reposants ou doux. C'est âpre, c'est violent. Je crois que c'est surtout la voix de l'auteur qui me plait, son côté épique, comme dans les contes et légendes. C'est d'autant plus vrai avec ce titre qui est véritablement pensé comme un conte.
Avec Salina, plongée dans l'Afrique des sables et du désert, il fait chaud, on marche sous le soleil, loin des hommes.
Un bébé est abandonné par un cavalier, pleurant et criant, sous un soleil de plomb, devant la tribu des Djimba. Le face à face dure toute la journée. Au crépuscule, les hyènes approchent mais ne touchent pas l'enfant. Une femme se précipite pour le recueillir.
Ce bébé, c'est Salina, que l'on retrouve à quelques jours de sa mort, marchant dans le désert. Et ce sont les seuls moments où on la verra vivante. Le reste de sa vie, c'est son fils Malaka qui la dira lors de trois soirées vers un cimetière qui n'ouvre ses portes qu'aux morts qu'il choisit. Trois nuits sur des barques remplies de citadins qui aiment les histoires et où Malaka se fait conteur d'une histoire de violence, d'amour, de vengeance et de mort. Une histoire de trois enfants, comme trois moments de la vie d'une femme bannie et mystérieuse. Une histoire de femme luttant pour sa vie dans une tribu patriarcale où elle reste étrangère. Splendide !