Maintes fois impliqué dans des affaires d'espionnage, Huawei est à nouveau dans la tourmente. Cette fois c'est de l'Afrique dont il s'agit, puisque la firme de Shenzhen est accusée d'avoir aidé les gouvernements en place en Ouganda et en Zambie à surveiller leurs opposants politiques.
Des révélations issues d'une enquête du Wall Street Journal, à l'heure où Huawei avait plus ou moins réussi à stabiliser ses relations avec Washington.
Huawei un peu trop proche de l'Afrique
En Afrique, les gouvernements totalitaires ne manquent pas. Les figures d'opposition non plus. Selon le WSJ, des employés de Huawei basés en Ouganda et en Zambie ont fourni des moyens d'espionnage aux autorités locales. Ils auraient entre autres intercepté les communications des opposants et utilisé les données de leurs téléphones mobiles pour surveiller leurs déplacements.
En Ouganda, l'année dernière, le président en place depuis 33 ans, Yoweri Museveni, était menacé par une ancienne pop star devenue figure d'opposition, Bobi Wine, avec l'aide de Washington. Les unités de surveillance ougandaises avaient l'ordre de surveiller la moindre de ses communications, notamment sur WhatsApp et Skype, mais en vain. C'est alors que sont intervenues les équipes de Huawei, qui travaillaient dans le même bâtiment.
"Les techniciens de Huawei ont travaillé pendant deux jours et nous ont aidé à parvenir à nos fins", a confié un membre de l'unité de surveillance. Les ingénieurs de Huawei seraient en effet parvenu à infiltrer un groupe Whatsapp de Bobi Wine, nommé Firebase du nom de sa formation musicale. C'est ainsi que Bobi Wine a été incarcéré avant de pouvoir participer à des rassemblements politiques.
Huawei présent dans cent pays
Même chose en Zambie, où des employés de Huawei ont aidé au piratage des téléphones et des pages Facebook de blogueurs opposés au président Edgar Lungu. Ceux-ci ont ainsi pu être localisés et arrêtés. Plusieurs membres de la sécurité interne ont identifié par leurs noms deux experts issus de Huawei, qui auraient aidé au développement des opérations.
Réaction officielle de la firme chinoise : "Huawei rejette complètement ces allégations non fondées et erronées sur nos opérations commerciales. Notre enquête interne indique clairement que Huawei et ses employés n'ont été impliqués dans aucune des activités supposées. Nous n'avons ni les contrats ni la capacité d'y parvenir."
Pour l'heure, le système Huawei a de quoi interroger. La firme est en effet présente dans cent pays et sept cents villes, auxquels elle fournit des solutions de sécurité. Comble d'ironie : lesdites solutions sont souvent inscrites sous un programme nommé "safe cities" (villes sécurisées).