Les factions politiques rivales sont toutes ripoux les unes plus que les autres et les promesses de richesse et les perspectives égoïstes de pillages sont souvent assurés en cas de succès dans un coup d'État.
Souvent illettrés, les initiateurs de coup d'État n'ont pas beaucoup de plan autre que de survivre, de se créer du luxe et de durer au pouvoir. On appelle ces pseudos bandits issus des montagnes, les cacos.
L'empire allemand s'inquiète du pouvoir grandissant des États-Unis et de l'Amérique en général Afin d'y voir de plus près, une importante diaspora allemande est bien présente en Haïti. Les États-Unis le savent et les ont à l'oeil. Bien qu'il n'y ait pas plus de 200 Allemands en Haïti, ils deviennent importants car ils contrôlent 80% du commerce international du pays.
Quand la Première Guerre Mondiale éclate, les Allemands y sont au coeur et l'influence allemande faiblit puisque les hommes sont appelés au front chez eux. Les Allemands auront eût le temps d'installer un important réseaux d'espionnage sur place, et jusqu'à nos jours, sera toujours très près des révolutions, finançant les mouvement ici et là. Tirant encore beaucoup de ficelles. Les États-Unis les voient donc comme une menace, c'est certain. Ils les voient comme un cheval de Troie au service de Berlin.
Peu à peu, des consortiums d'affaires des États-Unis, comme la National City Bank of New York (devenue CityBank) y installe des bureaux entre 1910 et 1911. Ils feront vite l'acquisition de la Banque Nationale d'Haïti, unique banque commerciale et trésorerie nationale du pays.
Ça ne plait pas du tout aux cacos d'Haïti. Jean Vilbrun Guillaume Sam, nommé président à vie, organise des razzias anti-américaines. Il commence toutefois par faucher facilement 167 vies de mulâtres et de gens liés aux Allemands. Aussitôt le massacre éventé publiquement, Jean Vilbrun Guillaume Sam est lynché sur la place publique par le peuple. Rosalvo Bobo, anti-Étatsunien et fier cacos, est en voie de le remplacer.
Le début de la Grande Guerre (Où les États-Unis ne sont pas encore impliqués), le lynchage de Jean Vilbrun Guillaume Sam, la menace d'un autre caco, le timing est bon, selon Woodrow Wilson pour investir les lieux.
En novembre 1915, les marines des États-Unis prennent le contrôle de Fort Rivière, repaire des cacos. Woodrow Wilson, maître gestionnaire de la propagande parle d'une intervention des États-Unis dans le seul but de rétablir l'ordre et la paix. Ce qui reste faux. Les gouvernements haïtiens successifs, au cours des dernières années, ont emprunté beaucoup des finances des États-Unis, et l'arrivée d'un cacos comme Bobo assurait le refus d'honorer l'importante dette qui s'accumulait.
Au bout de 6 semaines, les États-Unis contrôlent les douanes et les institutions administratives. Ils redirigent même avec succès les profits générés au pays vers les États-Unis et la France, afin qu'Haïti honore avec brio ses dettes. La crédibilité internationale d'Haïti obtient une crédibilité qu'elle peinera à un jour retrouver. Pendant les 19 années qui suivront, des conseillers des États-Unis tireront les ficelles en Haïti.
Un système constitutionnel est mis sur pied, les routes sont formidablement construites, un système de garde nationale est établi, 189 ponts sont construits, les canaux d'irrigation sont retravaillés, des hôpitaux sont construits, des bâtiments publics aussi, de l'eau potable est accessible.
Durant toute cette période, les rebelles restent des rebelles. Et l'occupation Étatsunienne dérange. On tente de démanteler les réseaux de rebelles, mais ce serpent multi-têtes se regénère toujours.
La fin de la Première Guerre Mondiale, et la défaite allemande, prive alors les cacos de leur soutien moral, logistique et financier.
Tout n'est pas vraiment pas rose. Le racisme des soldats Étatsunien est très
Quand la Première Grande Guerre est terminée, l'attention peut être mise sur l'occupation des États-Unis en Haïti et on découvre les abus. Woodrow Wilson s'en trouvera gêné lors de la Conférence de Paix à Paris et lors d'une enquête subséquente du Congrès Étatsunien, en 1922.
Louis Borno dirige le pays sans corps législatif de 1922 à 1930. John H. Russell, haut-commissaire Étatsunien est au dessus de son épaule tout ce temps.
La prospérité des années 20 profitent très peu au peuple Haïtien. Le krash de 1929 freinant tout ça. Sténio Vincent, critique de l'occupation, prend le pouvoir en 1930, et veut redonner Haïti à Haïti, et Herbert Hoover, maintenant président des États-Unis, ne voit plus l'utilité d'y garder une présence Étatsunienne.
On conclut que le manque d'influence généralisé de la classe politique locale, l'illettrisme, l'absence de mouvement démocratique structuré et éclairé, la pauvreté chronique, mentale et physique, les États-Unis se retirent peu à peu, ce qui est conclu par un accord de le faire complètement quand Franklin Roosevelt devient président en 1933.
Et que l'Allemagne menace encore avec le résultat de ses dernières élections...
Le dernier contingent des Marines quitte aujourd'hui, il y a 85 ans.
Melissa Laveaux a enregistré un album entier de chansons de résistance de l'occupation des États-Unis.
À écouter. Pour mieux comprendre l'île
Rien n'a fondamentalement changé. Seuls les mots, les formules, les formes de domination.
Aussi bien écouter sa musique. Chaude comme son permanent soleil.