Les géants du secteur du tabac se préparent à abandonner la cigarette, en diversifiant leurs activités autour des substituts comme la cigarette électronique, le tabac à chauffer ou le Snus. Certains, à l'image du leader mondial Philip Morris International (PMI) communiquent même désormais sur leur objectif de faire disparaître la cigarette. Pourquoi une telle évolution ?
Les industriels du " Big Tobacco ", comme on les surnomme outre-Atlantique, ne se sont évidemment pas transformés du jour au lendemain en philanthropes soucieux de la santé des consommateurs. En revanche, ils ont intégré la réalité qui veut que la cigarette soit de moins en moins acceptée par les sociétés occidentales, et que ses effets désastreux sur la santé soient désormais parfaitement connus de tous.
Surtout, les cigarettiers voient, année après année, leurs chiffres de vente décroître. Un phénomène qui n'est pas nouveau, et qui a poussé les principaux acteurs du secteur à investir massivement depuis près de vingt ans dans le développement de solutions technologiques de substitution permettant de reproduire l'expérience du fumeur tout en réduisant drastiquement la nocivité du produit.
PMI, British American Tobacco, Japan Tobacco et Imperial, les quatre géants mondiaux du secteur du tabac, ont développé au fil des années des stratégies similaires pour proposer à leurs clients des produits de substitution offrant de la nicotine, mais aussi et surtout une expérience similaire à celle de la cigarette (ce que ne donnent pas des patchs ou des gommes), le tout en limitant très sensiblement les dangers pour la santé.
De vendeurs de cigarettes, les géants du secteur, souhaitent donc se transformer en professionnels du sevrage, mettant à disposition des produits qui aident les fumeurs à décrocher en prenant en compte leurs habitudes de consommation et les rites associés à la cigarette. Une stratégie qui peut être qualifiée de cynique, mais qui a le mérite de fonctionner, comme en attestent les chiffres historiques de la baisse des ventes de cigarette, associés à une forte hausse des ventes de cigarettes électroniques.
Si la cigarette électronique est de très loin le substitut à la cigarette le plus populaire ces dernières années, au point qu'un certain nombre de pays ont choisi d'inclure des informations sur ce nouveau produit dans leurs politiques de lutte contre le tabagisme, deux autres types de produits sont également présents sur le marché. Il s'agit tout d'abord du Snus, une forme de tabac à chiquer en provenance de Suède, et surtout du tabac à chauffer, un dispositif électronique qui permettrait potentiellement de réduire de 90 à 95 % les émissions nocives par rapport à une cigarette traditionnelle, en chauffant le tabac sans entraîner de combustion.
Quoi qu'il en soit, les cigarettiers semblent bel et bien disposés à tourner la page de leur produit-phare. Une question de survie dans un secteur en pleine mutation qui doit se réinventer pour ne pas disparaître.