5. Et bien, face à la gloire de la Trinité dans la création, l'homme doit contempler, chanter, retrouver l'émerveillement. Dans la société contemporaine, l'on devient aride "non pas par manque de merveilles, mais par manque d'émerveillement" (G.K. Chesterton). Pour le croyant, contempler le créé est aussi écouter un message, entendre une voix paradoxale et silencieuse, comme nous le suggère le "Psaume du soleil": "Les cieux racontent la gloire de Dieu, et l'oeuvre de ses mains, le firmament l'annonce; le jour au jour en publie le récit et la nuit à la nuit transmet la connaissance. Non point récit, non point langage, nulle voix qu'on puisse entendre, mais pour toute la terre en ressortent les lignes et les mots jusqu'aux limites du monde" (Ps 19 [18], 2-5).
La nature devient alors un Evangile qui nous parle de Dieu: "La grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur" (Sg 13, 5). Paul nous enseigne que "ce qu'il a d'invisible [Dieu] depuis la création du monde se laisse voir à l'intelligence à travers ses oeuvres, son éternelle puissance et sa divinité" (Rm 1, 20). Mais cette capacité de contemplation et de connaissance, cette découverte d'une présence transcendante dans le créé doit nous conduire également à redécouvrir notre fraternité avec la terre, à laquelle nous sommes liées à partir de notre création même (cf. Gn 2, 7). C'est précisément cet objectif que l'Ancien Testament souhaitait pour le Jubilé juif, alors que la terre reposait et que l'homme recueillait ce que la campagne lui offrait spontanément (cf. Lv 25, 11-12). Si la nature n'est pas violée et humiliée, elle redevient une soeur pour l'homme.
Audience générale du 26 janvier 2000