Les hommes politiques n'échappent pas à la règle. Nous ne sommes pas toujours conscient de l'impact de nos paroles et de nos comportements sur les autres et Nicolas Sarkozy n'y échappe pas.
Le Président Sarkozy n' échappe effectivement pas à cette règle. Certes, il est, comme le qualifie certains, un enfant de la télé, le 1er président à être né au milieu de la baby Boom génération (1955), le 1er président à n'avoir pas connu la deuxième guerre mondiale, le 1er président a avoir assisté à l'éveil des technologies et à la mutation d'une société qui se transforme à la rapidité de la mutation d'un papillon. Le président de la République est un enfant de la télé dont il sait d'ailleurs merveilleusement se servir.
Vingt trois années le séparent du plus jeune Président ayant exercé avant lui, Jacques Chirac (né en 1932). Non par rapport à l'age à la prise de fonction, Valéry Giscard D'estaing était plus jeune quand il a été élu, il avait 48 ans (né en 1926) mais par rapport à la date de naissance. Jacques Chirac est né en 1932. Avant lui les précédents présidents étaient successivement né, pour François Mitterand en 1916, pour Georges Pompidou en 1911. Quand au Général de Gaulle, il était né à la fin du 19ème siècle en 1890.
Autre temps, autres mœurs, et Nicolas Sarkozy est d'un autre temps. Celui de la génération né dix ans après la deuxième guerre mondiale. Ceci peut expliquer les comportements qu'il adopte et qui choquent parfois ces concitoyens. Des comportements qui reflètent des positions émotionnelles permanentes, mais en phase avec cette société qui vit toute situation sous un angle émotionnel exacerbé. Ce qui choque chez Nicolas Sarkozy est le fait que pour la 1ère fois, nous avons en France aux plus hautes fonctions de l'état, un Président qui qui nous apparait politiquement incorrect. Un président qui, tour à tour, peut nous rappeler d'autres figures emblématiques de la deuxième moitié du 20ème siècle et qui toutes ont été contreversées. Il peut ainsi nous rappeler Bernard Tapie, quand il adopte son ton gouailleur en brisant les syllabes "j'comprends les Français", J'vais vous dire eunchose".. Un président qui connait à la perfection, use se sert et abuse de tous les médias et parfois même offre l'image d'un Homme de scène: "On n's'aperçoit même plus qu'les syndicats sont en grève!." nous faisant ainsi penser à un chansonnier sur scène. Un mélange de Coluche, de Bedos voire de Jacques Martin.
Nicolas Sarkozy est un enfant de la télé, il est un pur produit de la baby Boom génération et il adopte par certains comportements des attitudes littéralement opposées à ses prédécesseurs pour qui, le pouvoir se devait d'être exercé auréolé d'une pointe de sacré. Imagine-t-on Le Général de Gaulle dire à un concitoyen "casses toi connard". Certes non, cela ne l'empêchait pourtant pas de le penser. Quand à la libération de Paris, du balcon de l'Hôtel de ville ou il était acclamé, Georges Pompidou lui dit "C'est vous qu'ils acclament mon Général" Celui-ci répondit "Mon Cher Georges, ceux qui m'acclament aujourd'hui sont ceux qui acclamaient Pétain, il y a 5 ans" ponctuant sa phrase d'un "Les Français sont des veaux !" Qu'aurait on dit de cette réflexion, si des images avaient immortalisée cet instant ? Ce n'étais pas l'époque du règne omnipotent des médias et il fallut attendre la publication des mémoires de Georges Pompidou pour découvrir cette anecdote, près de 30 ans après les faits. Mais après tout, Nicolas Sarkozy ne se situe t-il pas dans la lignée du général ?
Oui, Nicolas Sarkozy est politiquement incorrect. Ce qui peut être considéré comme un paradoxe quand on exerce les fonctions que sont les siennes. Mais n'est il pas par la même occasion le représentant du comportement de nombres de nos concitoyens ? S'il n'était Président de la république, l'on pourrait dire de lui qu'il est un rebelle. Seulement voilà, il est Président de la république. Toute la question est de savoir si l'on peut rester rebelle quand on exerce le pouvoir ?
Exercer le pouvoir c'est aussi, comme on dit en management être référent. Et un référent se doit d'être exemplaire, car il incarne le reflet que ses collaborateurs adopteront dans leur management. L'enfant imite les comportements de ses parents, l'adolescent se rebelle (Tiens, tiens!) et l'adulte imite les comportements des autres adultes. Donc, quand le Président se livre à des échappées émotionnelles volontaires ou inconscientes, il ne se rend pas compte que par ce type de comportements, il porte atteinte à la notion même de civisme et d'exemplarité qu'il prône dans certains de ces discours. Qu'il s'adresse à un visiteur du salon de l'agriculture, à un marin pécheur ou aux forces armées, quand il parle face à des caméras, ce n'est pas seulement Nicolas Sarkozy qui s'exprime, c'est aussi la fonction. C'est le Président de la République qui s'exprime. Et s'exprimant ainsi, il légitime ce comportement comme pouvant être une ligne de conduite adaptable par tous. Sauf à s'inscrire dans le "Faites ce que dis, pas ce que je fais!" Ce qui apparemment, semblerait aller à l'encontre de qu'il exprime en d'autres circonstances.
Si l'émotion dans ses expressions positives nous aide à nous construire et à développer notre conscience de manière agréable, l'émotion dans ses expressions négatives (colère, insultes, emportements, victimisation) ne sont pas de nature à construire cette part de bonheur que recherche tout individu et qui peut lui permettre de passer de la survie à la vie.
Donc tout comme pour le manager qui dirige 3, 4 ou 50 personnes ou plus, notre président ne doit pas oublier que chacune de ses paroles, chacun de ses comportements publics sont de nature à être jugés et que ceux ci peuvent soit servir son projet, soit le desservir. En l'occurrence servir ou desservir la nation. Il en est de même en management, la relation que nous construisons avec ceux avec lesquels nous travaillons au quotidien, collègues, collaborateurs, supérieurs, clients ou autres se construit au travers de tous les actes que nous posons, de tous les comportements que nous adoptons et des toutes les paroles que nous prononçons. Nous construisons ainsi nos relations de demain avec nos comportements d'aujourd'hui. Consciemment ou inconsciemment.