Ce sont des figures. Giacometti ne les désignait pas autrement. Parfois des déesses. Pas des nus. Comment représenter les corps ? Surtout les corps féminins. Il aura passé sa vie à essayer, essayer encore, à en oublier le nom de ses modèles. Il dit qu’il ne les reconnaît plus après des séances de pose. Mais sans doute, ce qu’il cherche, ce n’est pas le détail qui lui permettra d’identifier celle-ci ou celle-là ; c’est la nature même du corps, dessiné ou modelé ou sculpté. Cette nature du corps entouré de vide, oppressé par le vide qui l’entoure. Il a dessiné selon des oeuvres qui l’ont précédé, puis dans son atelier, dessiné au crayon, au stylo-bille, réalisé des lithographies. Et sculpté, tendant à rendre visible le mouvement, ou installant ses figures dans leur pose hiératique, qu’elles soient hautes de quelques centimètres ou géantes. Il n’en exhibe pas une sensualité érotique, mais il en impose une sorte de pure présence qui s’inscrit dans la tête, comme dans cette toile où la figure semble prendre naissance entre les épaules et effacer le visage.
Cette exposition est visible à la Fondation Giacometti, à Paris, jusqu"au 6 novembre 2019