Le Pays rénové comprend trois odes: Le Témoignage des saisons, La Louange trine et Monodie du Pays rénové.
Dans Témoignage des saisons (ode publiée au printemps 2018 dans le numéro 44 de la revue Conférence),
qu'il adresse à tous ceux
Qui vivent dans l'ombre de la Croix
et qui est une Ode d'espérance,
après qu'il s'est retiré du monde, ce qui est salutaire à l'Art,
le poète valaisan chante d'abord l'hiver :
La Nature crie vers son Créateur et voilà que
Dans l'accord du blanc elle se fait oratoire...
Désert, ô stimulante analogie,
Espérante simulation de l'Éternité !
Puis le printemps:
Qu'un printemps perpétuel inonde mon âme !
Que ma soif ne soit jamais tarie mais toujours à la fois
entretenue et apaisée.
Quand l'été lui succède, c'est à Saint Jean le Baptiste, fêté en son début, qu'il rend hommage:
Il a balisé le désert,
Il a signifié au monde sa fin,
Ce trapu crieur d'Éternité,
Ce sauveur plongeur,
Ce robuste mangeur de miel et
De sauterelles frétillantes:
Voilà que ce fléau lancé sur la hautaine Égypte,
Il en fait sa substance.
Puis à Saint Théodore d'Octodure (Martigny) :
Dieu fit don de cet homme au pays afin
Qu'il inventât les reliques des saints soldats thébains,
Affermissant souverainement la foi naissante.
Pour célébrer l'automne et les vendanges, il rend cette fois hommage à Saint Maurice et à ses hommes de la légion thébaine, qui refusèrent de sacrifier aux idoles :
Il les persuada, par son exemple et par sa foi,
De témoigner jusque dans la mort :
Enfin, de cette grande grappe d'hommes, peut jaillir le sang !
Car dans les Cieux Notre Seigneur veille à l'opération.
Tel le Vigneron penché sur sa cuve,
Il hume cette bonne odeur dont l'apôtre dit
Que c'est celle du Christ.
S'il chante ainsi les saisons, c'est parce qu'il sait qu'elles sont un avant-goût de l'Éternité promise:
Car les saisons passent et reviennent mais
Arrivera la journée infinie de leur réunification.
La Louange trine est celle du paysan, de sa femme et de leur fils, la louange de trois voix attentives et seules à qui le poète donne l'occasion de s'exprimer, puis de prier et rendre grâce, tour à tour en un long dialogue.
Exemples:
L'ENFANT
Que témoigne la fraîcheur de ma foi
Dont l'exemple resplendit en Celle qui est notre Mère
à tous.
LA FEMME
Paysan, confie ta descendance à Dieu,
Non à tes champs,
Non au Travail de tes champs.
Tu ne possèdes rien hormis ta Liberté :
Que ta Liberté accomplisse son paradoxe d'obéissance !
Soumets-toi, homme libre !
LE PAYSAN
Le travail de la terre n'est rien sans la Grâce du Ciel.
Au début de Monodie du Pays rénové, le poète a placé cette épigraphe:
Le Valais de mon coeur est plus grand que l'autre.
De toute éternité il existe.
Maurice Chappaz, Le Valais au gosier de grive
Le Pays dont il s'agit, c'est en effet le Valais, comme les deux premières odes le laissaient déjà entendre en fond sonore, chacune à sa façon.
Les premiers vers le confirment et confirment ce que le poète veut dire par Pays rénové :
Que persiste mon pas,
Que ma foulée corresponde à mon souffle,
Et qu'ainsi chante ce Lieu qui m'oriente dès toujours :
Le Pays rénové par la foi.
Il ajoute plus loin:
Chacun porte en soi la possibilité d'un Pays rénové.
Il dit aussi ce qu'il entend par Monodie :
Cette tonalité de l'âme au royaume d'Espérance.
Il termine par ces vers:
J'ai dit le Pays rénové par l'accueil du Verbe,
J'ai dit le Pays rénové depuis lequel j'exclame mon
Témoignage et ma Louange :
Rideau sur le Théâtre de mon âme.
Francis Richard
Le Pays rénové, Benjamin Mercerat, 60 pages, L'Aire
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