si le monde a disparu
qui peut bien s’intéresser
à moi
est-ce le vent ?
devrais-je ouvrir ?
je suis un survivant
le survivant
le seul
on frappe à nouveau
est-ce lui ?
non je ne bougerai pas
personne ne m’obligera à répondre
je ne réponds que de moi
à moi-même
d’ailleurs je n’en ai pas le temps
le Temps aussi a été emporté
avec tous ces disparus
comment puis-je
ne serait-ce qu’envisager
me rendre à la porte
si je ne peux plus compter
sur le temps qui m’en sépare ?
non je reste là
oui on a frappé
mais était-ce avant
pendant ou après ?
puisque le temps n’est plus
je ne peux situer l’instant
où l’on a frappé
peut-être même que l’on n’a
jamais frappé à cette porte
à moins qu’il ne s’agisse
du Temps
lui-même
et que celui-ci revienne
***
Catherine Lane (née en 1955 à St-Hilaire, Québec) – Nous sommes ailleurs introuvables, recueil à paraître.