Un été sans maman de Grégory Panaccione

Publié le 07 août 2019 par 7bd @7BD
Titre : Un été sans maman
Scénario et dessins : Grégory Panaccione
Editions : Delcourt
Collection : Shampooing
Année : 2019
Nombre de pages : 280

Résumé de "un été sans maman":


Pour la première fois Lucie doit passer un été sans sa maman.
Celle-ci la dépose chez un couple d’amis en Italie, en bord de mer, en face de l’île de Gallinara.
Mais malheureusement Lucie ne parle pas un mot d’italien.
Ses journées sont donc vouées à devenir monotones et pleines de paresse, entre farniente sur la plage et jouer avec le petit chien...
Mais cela ne va pas s’avérer si ennuyeux.
Lucie va se faire quelques amis, et si Ricardo est un jeune garçon de son âge tout à fait normal, elle aura à faire aussi à des petites créatures étranges dont une se prénommant Roberto...


Mon avis sur "un été sans maman":


J’avais découvert Gregory Panaccione avec sa formidable BD dite « muette » "Un Océan d’Amour" réalisée avec Wilfrid Lupano. Il nous revient dans ce style « silencieux » avec cette superbe petite histoire « un été sans maman » pouvant paraître singulière au premier abord, mais qui finalement ne l’est pas du tout, surtout lorsque l’on découvre le fait divers ayant inspiré le récit.

Page 7 de la BD

Le scénario de Grégory Panaccione:


Cette histoire, ayant été imaginée en regard d’un drame réel, et même si la solitude en est le principale ingrédient, elle n’en reste pas moins formidablement joyeuse et poétique. L’auteur porte admirablement bien et véritablement un regard d’enfant sur cette aventure estivale. Lucie, encore petite fille doit passer un été sans sa maman, en Italie chez des amis qui ne parlent pas un mot de français. Evidemment, dans ce contexte, la petite fille ne peut que se renfermer et se sentir seule au monde, mais finalement et heureusement tout ne se passera pas comme cela. Tout est basé sur les émotions et l’ambiance instituées avec un talent d’artiste incroyable. Le coté presque désertique de l’environnement décrit, et surtout l’absence de texte justifié par la barrière de la langue, renforce cette impression initiale d’abandon et d’isolement. Puis de fil a aiguille, par des petits détails tel un petit chien tout fou, ou bien une petite créature fictionnelle bien étrange, un homme ours bien pataud au grand cœur etc..., des événements presque insignifiants s’enchainent et iront faire vivre à Lucie, et au lecteur, de nombreuses émotions sympathiques et chaleureuses. Le découpage est simple mais efficace alternant ainsi de pages de 5 à 7 vignettes, parsemé de ci de là de pleine page ou de trois larges bandes... L’été de Lucie ne sera pas si morose au final, et bien au contraire la torpeur moite des grandes plages de sable blanc s’en fera de plus en plus ressentir pour ainsi passer un très agréable moment empli de fantaisie. La narration visuelle de ce livre est véritablement une grande réussite.


Page 15 de la BD


Le dessin de Grégory Panaccione :

Le dessin de Grégory Panaccione est vraiment merveilleux.
Il a un trait fin et délicat et dès les premières cases on en prend plein la vue.
La particularité de ce récit, outre qu'il soit presque muet comme "un océan d'amour", vient du fait du choix du roman graphique en Noir et Blanc.
Tout est en nuance de gris et l'auteur impressionne par sa maitrise des ombres et lumières.
La première vignette nous dit tout sur sa maestria avec le reflet de la petite Lucie sur la vitre de la voiture et le paysage derrière...
Le choix du noir et blanc est grandement bien choisi car il permet de poser l'ambiance maussade dès le début, et de donner au lecteur une certaine angoisse, qui a mesure de clarté progressive au long de l'histoire va finir par révéler un véritable sentiment de chaleur et suggérer des vacances idéales sur une plage idyllique.
La finesse de son coup de crayon est aussi un bel atout. Il nous transmet ainsi d'extraordinaires émotions interprétables et lisibles aux travers des grands yeux de notre petite héroïne. C'est simplement touchant, troublant et poignant.
Les cadrages sont bien variés et les gros plans sont tellement expressifs qu'ils décuplent la projection du lecteur dans le récit.
Les perspectives sont superbement bien proportionnées (notamment en ce qui concerne la justesse de dimensions pour dessiner des enfants...).
Le petit côté fantastique et absurde de la fable permet de dédramatiser l'horrible naufrage de L'Annamaria, ayant probablement instillé cette histoire à l'auteur, mais il réalise là aussi, certainement l'un des plus beaux hommages que l'on ait pu faire aux victimes de ce sinistre.

Page 13 de la BD

En résultat, ce livre est brillant et beau, idéal pour une lecture estivale.
On en ressort tout ému, et on aime ça !
A lire !

Ciao
Yann

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